Association des Amis du Maroc : des amis bien silencieux… et coûteux

Bouchaib El Bazi

Il fut un temps où les amitiés diplomatiques se tissaient à coups de débats, d’idées brillantes, de réseaux d’influence agissants. Mais à l’heure où le Maroc récolte les fruits d’une diplomatie royale affirmée – des États-Unis à l’Allemagne en passant par le Royaume-Uni – voilà que l’ambassade du royaume à Bruxelles, sous la houlette de l’inamovible Mohamed Ameur, choisit de miser sur… une brocante politique.

C’est ainsi qu’est née, dans une discrétion quasi-clandestine, l’Association des Amis du Maroc, un petit club feutré animé par quelques figures d’un autre siècle, notamment le très discret François Delperée, qui, depuis la médiatisation de cette initiative, semble avoir trouvé refuge dans les archives de son propre CV.

Officiellement, la mission est noble : « promouvoir l’amitié belgo-marocaine » et « sensibiliser les responsables politiques belges à la marocanité du Sahara ». Mais en réalité, l’association peine à justifier son utilité à une époque où le Maroc n’a guère besoin de convaincre une Belgique hésitante, alors que les grandes puissances mondiales – dont les États-Unis, Israël, l’Espagne, les Pays-Bas ou encore la France par des gestes concrets – ont déjà acté leur reconnaissance du plan marocain d’autonomie.

Une association pour quoi faire ?

La vraie question reste en suspens : pourquoi gaspiller de l’argent public marocain pour soutenir une poignée de politiciens belges en semi-retraite, sans écho médiatique ni influence réelle, quand la diaspora marocaine en Belgique déborde de compétences, d’enthousiasme et surtout… de légitimité ?

Pire encore, lorsque la presse belge s’est interrogée – poliment – sur le rôle exact de cette mystérieuse association financée indirectement par l’État marocain, ni l’ambassade, ni Delperée, ni aucun des soi-disant « amis du Maroc » n’a jugé bon de répondre. L’amitié a ses limites, visiblement.

Une diplomatie dépassée ?

Le surréalisme belge n’a d’égal que cette stratégie diplomatique figée. Au lieu de soutenir les jeunes militants de la cause nationale au sein de la diaspora, ceux qui défendent activement la marocanité du Sahara dans les universités, les médias et les conseils communaux, on préfère faire la cour à des barons poussiéreux qui peinent à s’adresser à une salle remplie – quand ils arrivent à en remplir une.

Le tout sous le regard bienveillant – ou indifférent ? – du doyen des ambassadeurs marocains en poste, Mohamed Ameur, dont la longévité à Bruxelles pourrait inspirer une série Netflix… ou une enquête parlementaire.

Alors, on s’interroge : à quoi sert cette association ? À qui profite-t-elle ? Et surtout, combien coûte-t-elle aux contribuables marocains ? À défaut d’avoir des réponses, on peut au moins constater une chose , les vrais amis du Maroc ne se recrutent pas par carnet d’adresses d’anciens ministres, mais dans les rangs de ceux qui vivent, travaillent et défendent le Royaume sans attendre un buffet protocolaire.

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