Yassine Bounou : le mur de l’Atlas qui défie les géants du football mondial

Bouchaib El Bazi

Dans un football moderne où les gardiens de but sont souvent les derniers remparts, rares sont ceux qui parviennent à allier régularité, sang-froid et héroïsme dans les moments décisifs. Yassine Bounou, ou « Bono », comme l’appellent les amateurs de football européen, fait partie de cette élite. À chaque rendez-vous majeur, il se révèle comme un atout incontournable, que ce soit avec la sélection marocaine ou ses clubs. Et une nouvelle fois, l’histoire a retenu son nom.

Un penalty décisif contre le Real Madrid : un déjà-vu

C’était lors de l’édition 2025 de la Coupe du Monde des Clubs, organisée pour la première fois dans un format élargi à 32 équipes. Le Real Madrid, fort de ses multiples sacres continentaux, affrontait Al-Hilal d’Arabie Saoudite. Alors que les dernières minutes s’écoulaient, l’Uruguayen Federico Valverde s’avance pour tirer un penalty synonyme de victoire pour les Espagnols. Mais en face, Bounou n’est pas un inconnu.

Il plonge, repousse le tir, et offre un point historique à son club. Une scène que les Espagnols connaissent bien , en décembre 2022, au Qatar, le même Bounou avait stoppé deux tentatives espagnoles en huitièmes de finale de la Coupe du monde, propulsant le Maroc en quarts pour la première fois de son histoire.

Une trajectoire atypique entre deux continents

Né au Canada de parents marocains, Yassine Bounou revient très jeune à Casablanca. Il y entame sa formation au Wydad, un des clubs les plus prestigieux du pays. Très vite, il devient gardien titulaire, mais ses ambitions dépassent les frontières marocaines. Il fait alors un pari audacieux , accepter de jouer avec l’équipe réserve de l’Atlético Madrid pour amorcer sa carrière en Europe, malgré une place de titulaire au Wydad.

À Madrid, la concurrence est rude. Jan Oblak, alors en pleine ascension, verrouille la cage de l’équipe première. Bounou part alors en prêt, d’abord au Real Saragosse, puis à Gérone, où il s’impose. Mais c’est à Séville qu’il écrit ses plus belles pages européennes.

Le sacre espagnol et le respect mondial

Avec le Séville FC, Bounou devient un pilier. Il brille en championnat comme en Ligue Europa, notamment lors du sacre de 2023. Son niveau est tel qu’il décroche le trophée Zamora, remis au meilleur gardien de Liga, pour la saison 2021-2022 — un exploit inédit pour un joueur arabe et africain. Il devient aussi un cauchemar récurrent pour les attaquants du Real Madrid, un statut qu’il confirme encore avec Al-Hilal.

Une légende nationale et un ambassadeur africain

Mais c’est avec la sélection marocaine que Bounou atteint un autre sommet. La Coupe du monde 2022 fut son théâtre de gloire. Des arrêts décisifs contre la Belgique, une performance monumentale contre le Portugal, et bien sûr, l’épopée contre l’Espagne. Grâce à lui, le Maroc devient la première nation africaine à atteindre le dernier carré mondial.

Son calme, sa lucidité et sa modestie en font un héros discret. « J’essaie juste de faire mon travail. Parfois ça marche, parfois non. C’est ça, le football », confiait-il humblement au site officiel de la FIFA.

Un nouveau chapitre à Al-Hilal, une continuité de l’excellence

En rejoignant Al-Hilal en 2023, Bounou n’a pas choisi la facilité. Mais loin d’un exil doré, il s’est imposé comme l’un des piliers d’une équipe ambitieuse, prête à défier les grands d’Europe dans les compétitions mondiales. Sa prestation contre le Real Madrid en 2025 n’est que le prolongement d’une carrière construite sur le défi, la résilience et l’excellence.

L’héritage d’un gardien au-delà des frontières

Yassine Bounou n’est plus seulement un grand gardien marocain. Il est devenu un symbole de la réussite africaine dans le football mondial. De Casablanca à Madrid, de Doha à New York, son nom est associé à la détermination, au sang-froid, et à l’art de défier les pronostics. À 34 ans, il continue d’écrire une légende qui inspire les jeunes des deux rives de la Méditerranée.

Avec Bono, le Maroc a trouvé plus qu’un gardien , un ambassadeur, un leader, et une légende vivante.

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