Un monde en secousses : le Maroc face aux ondes géopolitiques de l’après-guerre israélo-américaine contre l’Iran

Majdi Fatima Zahra

Le monde politique ressemble aujourd’hui à une croûte terrestre en perpétuelle vibration. Il est traversé de secousses inégales, allant des frémissements à peine perceptibles aux tremblements dévastateurs. La guerre israélo-américaine contre l’Iran en est l’une des manifestations les plus brutales. Le cessez-le-feu récemment établi marque la fin de l’affrontement direct, mais les répliques géopolitiques de ce choc profond sont à peine amorcées.

L’Iran, principal épicentre de la crise, voit son positionnement international en mutation. Au-delà du Proche et du Moyen-Orient, les ondes de choc de cette guerre risquent de traverser les continents, atteignant le Maghreb, l’Afrique et les pays du Sud global. Le Maroc, à ce titre, n’échappe pas à cette recomposition mondiale. Il lui revient de consolider une immunité stratégique multidimensionnelle : politique, économique, culturelle, sociale et sécuritaire.

Le projet réformateur du roi Mohammed VI : un socle de résilience

Depuis un quart de siècle, le Maroc suit une trajectoire clairement dessinée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, alliant réformes structurelles et modernisation institutionnelle, dans une dynamique orientée vers le développement durable. Ce projet repose sur l’interconnexion des leviers internes avec une diplomatie d’ouverture ciblée vers le monde arabe, l’Europe, et surtout, l’Afrique.

Le Royaume a, sous l’impulsion royale, ravivé son ancrage africain avec constance et lucidité. Il a su articuler un partenariat Sud-Sud fondé sur l’égalité, le respect mutuel et la complémentarité, notamment à travers des politiques de coopération concrètes dans les domaines de la santé, de l’agriculture, de la formation, de l’infrastructure et de la sécurité.

L’Afrique : espace de solidarité et de projection stratégique

L’Afrique n’est pas un simple prolongement de la diplomatie marocaine , elle en est un pilier identitaire et stratégique. Dès l’indépendance du Royaume, le Maroc a activement soutenu les mouvements de libération à travers le continent, depuis l’Algérie jusqu’à l’Afrique du Sud. L’hôtel Balima à Rabat fut, dans les années 1950 et 1960, un point de passage historique pour des figures de proue comme Mandela, Nkrumah, Lumumba ou les leaders du FLN algérien. En 1961, Rabat accueillait la conférence fondatrice de l’Organisation de l’unité africaine.

Aujourd’hui, le Roi Mohammed VI prolonge cette tradition panafricaniste en la consolidant par des instruments économiques puissants, notamment à travers deux projets emblématiques , le gazoduc Nigeria-Maroc et l’Initiative Atlantique pour les pays du Sahel. Ces initiatives marquent un tournant dans la coopération intra-africaine, reposant sur la durabilité, l’autonomie énergétique et l’intégration régionale.

Plateformes économiques et sécuritaires : le Maroc au centre des dynamiques africaines

Le troisième forum parlementaire Maroc-CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), tenu à Laâyoune, illustre cette volonté marocaine d’impulser une économie de partenariat équilibré entre États africains. Cette dynamique s’étend à l’Afrique de l’Ouest et à la bande sahélo-saharienne, confirmant le rôle pivot du Maroc dans les recompositions continentales.

En parallèle, sur le front sécuritaire, le Royaume a accueilli à Agadir la quatrième édition de la “Plateforme de Marrakech” des chefs des agences africaines de lutte contre le terrorisme. Ce mécanisme, cofondé par la Direction générale des études et de la documentation (DGED) et le Bureau de lutte antiterroriste de l’ONU (UNOCT), incarne la reconnaissance internationale de l’efficacité des services marocains en matière de renseignement et de lutte contre l’extrémisme.

L’implantation en 2021 du bureau régional de l’UNOCT à Rabat témoigne du positionnement stratégique du Maroc comme hub sécuritaire pour le continent. Les défis liés à la menace terroriste, au crime organisé et aux ingérences transnationales trouvent au Maroc une réponse structurée, ancrée dans une approche holistique et préventive.

Résister aux secousses du monde : le Maroc acteur et stabilisateur

À l’heure où l’ordre mondial est de plus en plus instable, marqué par des rivalités aiguës et des fractures géopolitiques, le Maroc ne subit pas , il agit. Il anticipe les turbulences, construit ses résistances internes, et renforce ses alliances en pariant sur l’Afrique comme espace d’avenir et de solidarité active.

L’économie et la sécurité sont les jumeaux vitaux de toute souveraineté durable. Le Maroc a atteint, dans ces deux domaines, un niveau d’intégration qui lui permet non seulement de protéger ses citoyens, mais aussi de contribuer à la stabilité régionale. L’infrastructure, la diplomatie spirituelle, les échanges commerciaux, l’expertise sécuritaire , autant de leviers que le Royaume active avec méthode et constance.

Alors que certains États vacillent à chaque secousse, le Maroc, lui, s’ancre. Il inscrit son action dans la durée, tisse des partenariats mutuellement bénéfiques, et s’affirme comme un acteur crédible dans la redéfinition des équilibres internationaux.

 

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