Quand GLB joue les vierges effarouchées : le PS, lui, fait juste de la politique
Bouchaib El Bazi
Bruxelles – Georges-Louis Bouchez, semble découvrir avec effroi que la démocratie, parfois, c’est… démocratique. Oui, des élus votent, parfois même avec des gens qu’ils n’aiment pas. Et surprise , le Vlaams Belang a aussi des sièges. C’est fâcheux, surtout quand leur présence bouscule les petites mises en scène politiques du président du MR.
Ce jeudi, GLB, fidèle à lui-même – toujours prompt à dégainer un tweet ou un micro dès que l’attention médiatique lui échappe – s’est offert un numéro d’indignation olympique sur les ondes de Bel RTL. Le crime ? Le PS, avec d’autres partis d’opposition, a osé renvoyer la loi-programme du gouvernement Arizona (oui, on a même trouvé un nom de western pour ce gouvernement en fin de parcours) au Conseil d’État. Avec, sacrilège suprême, les voix du Vlaams Belang. Autant dire que dans la tête de GLB, c’est l’Apocalypse version “cordon sanitaire”.
GLB, ce héros malheureux du cordon sanitaire
Lui, si pur, si intransigeant face aux extrêmes… Sauf quand ça l’arrange. Petit rappel historique – qu’on devine vaguement douloureux chez les libéraux francophones , en 2017, le MR de Charles Michel (oui, le même Charles qui fait maintenant coucou depuis Bruxelles-Europe) avait voté une loi avec le soutien du Vlaams Belang. « Mais c’est pas pareil ! » clame GLB avec la ferveur d’un enfant pris en flagrant délit de copier son voisin, mais qui jure que lui, il savait pas que c’était interdit. « On avait une majorité ! Si d’autres votent avec nous, c’est pas notre faute ! » On dirait un ado surpris à danser avec la fille interdite du bal. Une maladresse, pas une trahison. Évidemment.
Mais aujourd’hui, c’est le PS qui commet le péché suprême. Eux, ces moralistes rouges, ces donneurs de leçons professionnels. Les voilà accusés de pactiser avec le diable, entre deux alliances suspectes avec Fouad Ahidar ou le PTB, selon la version remixée de GLB. À l’écouter, le PS serait devenu un cocktail instable entre Lénine, Tariq Ramadan et Bart De Wever. Rien que ça.
Le PS, réaliste mais pas naïf
Sauf que derrière le rideau de fumée libérale, il faut le dire , le PS joue juste. Il fait de la politique. Oui, mesdames et messieurs, ce sport de contact parfois rugueux où les majorités se construisent, se défient, se contournent. Le renvoi au Conseil d’État ? C’est un acte d’obstruction parlementaire classique, vieux comme la monarchie belge. Le Vlaams Belang a levé la main ? Tant mieux. Ou tant pis. Mais ce n’est ni une coalition, ni un accord, ni un flirt.
Et contrairement à ce que crie GLB, personne n’a vu Paul Magnette signer un pacte de sang avec Tom Van Grieken dans un bar louche de Vilvorde. Calmons-nous.
Le MR, champion de l’indignation sélective
L’ironie suprême ? C’est GLB qui parle d’opportunisme. Lui, dont le nom est désormais synonyme de calcul électoral au millimètre, de provocation médiatique comme stratégie de fond, et de prise de parole compulsive à chaque petite turbulence dans le bocal belge. Il ferait presque passer Theo Francken pour un ermite.
Ce qui dérange GLB, ce n’est pas le Belang. C’est de ne plus être au centre du jeu. Le MR, de plus en plus isolé, regarde le PS prendre ses aises dans l’opposition et impose son tempo. Il déplace le centre de gravité de la politique sociale et déjoue les manœuvres gouvernementales à l’usure. C’est intelligent, c’est légal, et… c’est efficace.
Une démocratie en mouvement (même sans GLB)
Alors non, cher GLB, le PS n’a pas rompu un tabou. Il a simplement fait son boulot d’opposition. Le cordon sanitaire n’est pas une camisole de force destinée à paralyser le Parlement quand ça t’arrange. Et la démocratie ne se fait pas à coups de déclarations indignées dans les matinales radio.
Il est peut-être temps d’accepter que les électeurs ne t’ont pas élu roi de Belgique, malgré ta coiffure de Premier ministre en puissance. Et que parfois, dans une démocratie plurielle, les autres aussi ont leur mot à dire.
Même si ça pique.
C’est, selon GLB, le prix du « retard » causé par ce renvoi au Conseil d’État. On attend toujours son calcul détaillé. Peut-être un jour, dans son prochain thread X , entre deux selfies au Parlement.
« Ce qui est très grave, c’est quand vous comptez sur ces voix-là pour faire passer le texte. »