“Poire et couteau , l’antisionisme au menu du vendredi”

Bouchaib El Bazi

On aurait pu croire à une couverture de Charlie Hebdo, ou à une publicité déguisée pour des poires bio d’un marché communautariste. Et pourtant, non , nous sommes bien dans les pages « Débats » de La Libre Belgique, ce 27 juin 2025, avec une question digne des meilleurs cafés philosophiques d’un bar-tabac fermé depuis 2003 .

 « L’antisionisme est-il vraiment subversif ? »

Mais avant même de lire une ligne, c’est l’image qui vous saute à la gorge comme un débat de plateau TV , deux poires, coupées en deux, l’une affublée d’une étoile de David, l’autre d’un croissant musulman, posées côte à côte sur une nappe de brunch bourgeois.

Et entre elles ? Un couteau. Métaphore subtile ? Non. Symbolisme à la truelle.

Un brunch, des poires et un couteau

La scène est surréaliste. On y devine une tablée bon enfant, du pain, du vin (halal, espérons-le), et surtout une tension larvée entre deux moitiés de poires devenues allégories du conflit israélo-palestinien.

Bienvenue dans la diplomatie fruitière du journalisme belge.

Faut-il voir dans ce dessin une invitation à la discussion entre Juifs et musulmans ? Une critique de la polarisation ? Une incitation au duel ? On ne sait plus trop. Mais ce qui est sûr, c’est que le couteau au milieu n’a pas l’air d’être là pour couper du fromage de chèvre.

Antisionisme , indigeste, mais sur toutes les tables

L’article en question dissèque – dans un style très “café Flagey après trois expressos” – l’idée selon laquelle l’antisionisme serait devenu un marqueur identitaire bon marché, un étendard qu’on agite à défaut d’avoir mieux. On y apprend que les musulmans de Belgique ne parlent plus , on pense à leur place. À tel point que même leur antisionisme serait une importation. Produit non bio. Origine : frustration sociale et géopolitique mondiale.

Et comme souvent dans ces analyses qui se veulent nuancées, on finit par blâmer tout le monde… sauf la gauche, mais un peu quand même.

Quand les luttes deviennent des plats à emporter

Le texte tourne autour d’un thème récurrent , l’antisionisme ne vient pas des luttes, il lui est exogène. Traduction , ce n’est pas une revendication issue des tripes, mais une posture importée, surgelée, décongelée, servie tiède. Et ce serait là le vrai scandale , non pas l’injustice, mais le manque d’authenticité dans l’indignation.

Et pendant qu’on discute du bon usage de la colère politique à table, on oublie de parler de ceux qui jeûnent pour des raisons moins symboliques : la faim, l’exclusion, la guerre, l’occupation.

Moralité , quand les fruits de la discorde prennent la forme de poires

Cette planche de débat, pleine de bonnes intentions confites dans un lexique universitaire, ressemble finalement à un dessert indigeste, comme si la rédaction avait voulu nous servir une salade de luttes sans assaisonnement, avec un zeste d’amalgame.

Et cette image, franchement ?

Elle aurait mérité un autre titre ,

“Quand deux poires s’aiment, faut-il sortir les couteaux ?”

 

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.