Sous l’impulsion royale, le Maroc trace les voies de la connectivité africaine
Bouchaib El Bazi
Le Maroc poursuit résolument son engagement stratégique en faveur de l’intégration africaine. À l’occasion du Forum mondial sur la connectivité des transports qui se tient du 27 au 29 juin à Istanbul, le ministre marocain du Transport et de la Logistique, Abdessamad Kayouh, a rappelé que la coopération africaine constitue un pilier fondamental de la diplomatie marocaine, conformément à la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Intervenant lors d’une session de haut niveau consacrée à la libération du potentiel de connectivité du continent, M. Kayouh a mis en avant le rôle catalyseur des infrastructures dans la construction d’une Afrique intégrée, souveraine et interconnectée. « L’Afrique doit être maîtresse de son destin. Elle doit s’appuyer sur des infrastructures robustes, une volonté politique commune et une vision stratégique unifiée », a-t-il déclaré, appelant à une mobilisation continentale pour lever les obstacles persistants au désenclavement des pays sahéliens.
Le port de Dakhla Atlantique, un levier stratégique panafricain
Au cœur de cette dynamique, le projet structurant du port de Dakhla Atlantique, lancé dans le cadre de l’Initiative Atlantique portée par le Souverain marocain, incarne cette ambition africaine. Cette infrastructure, en cours de réalisation au sud du Royaume, vise à relier durablement les pays sahéliens à l’espace atlantique, offrant à ces économies enclavées une ouverture stratégique vers les flux commerciaux internationaux.
« Dakhla Atlantique sera une passerelle logistique entre l’Afrique subsaharienne et le reste du monde », a souligné le ministre, ajoutant que le Royaume entend faire de cette façade atlantique un pilier de la coopération Sud-Sud, en droite ligne avec les principes de la Charte africaine de l’intégration économique.
Vers une souveraineté logistique et énergétique africaine
L’engagement du Maroc dépasse le seul domaine des transports. Il s’étend à la transition énergétique, à travers la production d’hydrogène vert et le développement de ports verts capables de soutenir les exigences de la décarbonation maritime. Des infrastructures telles que Tanger Med, Nador West Med et Dakhla Atlantique sont pensées comme des écosystèmes logistiques intégrés, articulés autour d’investissements conjoints, de liaisons interafricaines régulières et d’une flotte commerciale nationale renforcée.
En évoquant le message royal adressé au sommet “L’Afrique pour l’Océan” tenu récemment à Nice, le ministre a rappelé la nécessité d’une vision maritime africaine ambitieuse. Une vision qui s’appuie sur la croissance bleue, l’intégration régionale par les voies maritimes et une coopération transatlantique renouvelée.
Une connectivité à bâtir sur des bases solides
Toutefois, M. Kayouh a souligné que de nombreux défis entravent encore l’essor d’une connectivité africaine effective , infrastructures vétustes, normes hétérogènes, manque de coordination régionale, ou encore déficit chronique de financement.
Face à cela, le Maroc plaide pour la mise en œuvre rapide de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), ainsi que pour la création de corridors de transport multimodaux et l’harmonisation des réglementations. « Il est impératif d’investir dans le capital humain africain, de soutenir l’innovation logistique et de renforcer les chaînes de valeur régionales », a martelé le ministre.
Un engagement ferme, une vision continentale
La participation marocaine à ce Forum international de haut niveau, organisé avec le soutien de la Banque mondiale, s’inscrit dans une diplomatie des infrastructures au service du continent. La délégation conduite par M. Kayouh, composée de diplomates et de hauts responsables du secteur des transports, a multiplié les échanges avec ses homologues africains, notamment de Mauritanie, du Congo ou encore de Djibouti.
En conclusion de son intervention, le ministre a réaffirmé l’engagement du Royaume à accompagner toutes les initiatives africaines en faveur de la connectivité, en particulier dans l’espace atlantique, qu’il considère comme « l’un des leviers les plus puissants pour faire émerger une Afrique souveraine, solidaire et prospère ».