Maroc : stades flambant neufs, trottoirs dégagés… mais que fait-on des hordes invisibles ?

Bouchaib El Bazi

Le Maroc est en marche. Une marche sportive brillante, ambitieuse, qui sent bon le bitume fraîchement coulé, les stades en cours de finition, et les plans d’urbanisme qui s’alignent comme des plots de sécurité. À l’horizon ? Rien de moins que la Coupe d’Afrique des Nations 2025, et en ligne de mire, le Graal suprême , la Coupe du Monde 2030, en compagnie des colosses hispano-lusitaniens. Une épopée moderne. Un Maroc qui se rase les murs, repeint ses façades, expulse les encombrants humains et matériels. Sauf que voilà… Il y a un petit détail qu’aucun cahier des charges FIFA ne mentionne : l’invasion silencieuse et inquiétante des migrants subsahariens en situation irrégulière.

Depuis quelques mois, les autorités marocaines ont pris le taureau par les cornes , fini les « gardiens de voitures » autoproclamés, place à des trottoirs sans rançons ! Exit les constructions sauvages, les marchés de fortune, les cabanes de tôles. Les villes changent, respirent, s’alignent. L’image est belle, propre. Trop propre ?

Mais derrière cette façade rénovée se cache une réalité autrement plus brûlante : celle des groupes de migrants illégaux, en grande majorité issus de pays d’Afrique subsaharienne, qui, échappant à tout cadre réglementaire, s’installent, se réorganisent, et parfois, se radicalisent. Dans certains quartiers populaires de Casablanca, Rabat ou Oujda, ils ne sont plus seulement des « passagers en transit vers l’Europe ». Ils forment de véritables poches de tension, parfois des réseaux mafieux structurés.

Le Maroc, fidèle à sa tradition d’hospitalité, avait tendu la main. Rappelons les opérations de régularisation massive, l’accès aux soins, à l’école, et même à l’emploi. Mais une partie de cette population – désespérée ou instrumentalisée – s’est repliée dans la violence : agressions, trafic, occupation illégale de logements, affrontements avec les forces de l’ordre… Un cocktail explosif qui inquiète les riverains, épuise les policiers, et entame dangereusement l’image du Maroc « sûr » que l’on veut vendre à la FIFA.

Des cas récents en témoignent :

– Émeutes nocturnes à Derb Ghallef entre groupes de migrants et commerçants locaux.

– Agression de fonctionnaires de police à Tanger par une bande organisée de passeurs.

– Saccage de logements sociaux à Casablanca transformés en « squats » violents.

Le problème n’est pas humanitaire, il est politique, sécuritaire, civilisationnel. Car si le Maroc se doit d’être un exemple de modernité et d’ouverture, il ne peut l’être au détriment de sa propre stabilité. Accueillir, oui. Subir, non. Intégrer, bien sûr. Être envahi et pris à la gorge ? Certainement pas.

La question que tout le monde se pose, à voix basse : pourquoi l’État marocain, si prompt à dégager un marchand ambulant marocain ou à verbaliser un garagiste sans licence, se montre-t-il si timide devant ces groupes étrangers parfois violents ? Est-ce une peur de la critique internationale ? Une forme de culpabilité post-coloniale inversée ? Ou simplement un aveu d’impuissance logistique ?

En attendant, pendant que les pelouses se verdissent et que les tribunes se garnissent, les ruelles, elles, frémissent. Le Maroc avance, c’est vrai. Mais à quoi bon courir vers 2030, si l’on trébuche chaque jour sur des failles de 2024 ?

À suivre dans notre édition spéciale : “Bienvenue au Maroc 3.0, merci de ne pas grimper sur les balcons non autorisés.”

 

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.