Les Amis du Maroc » : une coquille vide et une diplomatie en panne d’idées

Dans la jungle associative de la diaspora marocaine en Belgique, il est une étrange créature nommée « Les Amis du Maroc ». Une association fondée en 2016, financée par l’ambassade du Maroc à Bruxelles, présidée par un Belge, et qui, paradoxalement, ne fait… absolument rien pour le Maroc. Ou si peu que même les murs de l’ambassade peinent à s’en souvenir.

Et pourtant, cette coquille vide bénéficie d’une promotion officielle sans équivalent, comme si elle incarnait la voix incontournable de la communauté marocaine. Une supercherie diplomatique qui mêle amateurisme, clientélisme et recyclage de visages amicaux pour faire illusion.

Un ambassadeur en mode communication

À Bruxelles, l’ambassadeur du Maroc, Mohamed Ameur, semble avoir trouvé dans cette association un cheval de Troie idéal pour sa stratégie de vitrines creuses. Chaque réception, chaque rencontre, chaque brochure mentionne « Les Amis du Maroc » comme un acteur central de la coopération culturelle, un pont humain entre les peuples, une lumière dans les ténèbres de l’exil.

Sauf que… personne ne voit cette lumière.

Pas d’actions structurantes, pas de projets pour la jeunesse, aucune interaction concrète avec la communauté marocaine. L’association vit dans les rapports officiels, mais pas dans la réalité sociale.

Et les vraies associations marocaines ? Invisibles

Pendant ce temps, des dizaines d’associations marocaines, fondées par des citoyens engagés, œuvrent dans l’ombre , alphabétisation, soutien aux familles, encadrement des jeunes, défense des droits. Mais leur défaut ? Elles ne plaisent pas aux diplomates. Trop indépendantes. Trop critiques. Pas assez folkloriques.

On préfère donc financer un président belge inconnu du grand public que de soutenir des acteurs communautaires enracinés. C’est la diplomatie à l’envers , on marginalise ceux qui travaillent, et on surmédiatise ceux qui décorent.

Une fausse amitié, un vrai gaspillage

Que fait donc « Les Amis du Maroc » depuis neuf ans ? Deux colloques sous-dimensionnés, quelques buffets bien garnis, des photos floues avec des élus locaux, et des communiqués creux. La communauté marocaine, elle, ne s’y reconnaît pas. Elle regarde cette mascarade avec scepticisme, voire agacement.

Pire , personne ne connaît le budget exact alloué à cette structure fantomatique. Combien de dirhams pour combien de PowerPoints ? Combien de partenariats inventés pour combien de rapports de fin d’année embellis ?

Une diplomatie de façade

Le cas de cette association illustre une maladie chronique dans certaines ambassades marocaines , la gestion de la diaspora par l’illusion. Plutôt que de bâtir sur le terrain, on construit sur le papier. Plutôt que d’écouter les citoyens, on choisit des interlocuteurs décoratifs. Et au lieu de miser sur l’énergie réelle des Marocains de Belgique, on gaspille les fonds publics sur des projets sans âme.

L’amitié n’est pas un logo. Le rayonnement ne se mesure pas en photos d’ambassade.

Et une association qui prétend représenter le Maroc sans Marocains actifs en son sein… ce n’est pas une vitrine, c’est un miroir déformant.