Maroc : Quand l’État scrute la terre depuis l’espace pour redessiner les équilibres du renseignement

Bouchaib El Bazi

Dans un mouvement stratégique à haute portée symbolique, le Maroc entame un nouveau chapitre de sa doctrine sécuritaire en renforçant ses capacités de renseignement spatial grâce à l’acquisition de satellites dotés de la technologie radar de pointe, notamment du type Ofek 13, selon le magazine militaire espagnol Defensia.

Ce saut technologique ne se mesure pas seulement à la résolution des images captées, mais à la profondeur de la vision stratégique qui sous-tend ce choix. Depuis le lancement des satellites « #Mohammed_VI _A » et « Mohammed VI – B », le Royaume a amorcé une mutation silencieuse , passer de simple récepteur d’informations à acteur anticipatif, capable d’intervenir en amont des menaces.

Ce virage permet au #Maroc de surveiller plus efficacement ses frontières orientales et méridionales, notamment dans la région du Sahel, devenue un foyer d’instabilité où s’entrecroisent trafics d’armes, groupes extrémistes et réseaux transnationaux.

Du satellite à la souveraineté informationnelle

Les experts en sécurité s’accordent à dire que la possession de satellites à radar à synthèse d’ouverture (SAR) représente bien plus qu’un avantage technique : c’est une projection de souveraineté dans le champ invisible de #la_guerre de l’information.

Le journaliste Bouchaïb El Bazi estime que « le Maroc passe d’une posture réactive à une stratégie de contrôle préventif », précisant que « ce n’est pas simplement une évolution technologique, mais une transformation qualitative dans la doctrine sécuritaire de l’État. Avoir un œil dans le ciel, c’est désormais une composante essentielle de la dissuasion, de la gestion du risque, et de l’affirmation d’une souveraineté cognitive dans un environnement géopolitique de plus en plus fragmenté. »

Il ajoute que « cette orientation s’inscrit dans une prise de conscience que les menaces modernes ne se neutralisent plus uniquement par la force brute, mais par la supériorité informationnelle. Les acteurs non étatiques — trafiquants, groupes armés ou espions — évoluent dans des géographies fluides. La surveillance satellitaire en temps réel devient alors une arme stratégique, capable de clore la bataille avant même qu’elle ne commence. »

Le ciel comme théâtre de souveraineté

La technologie SAR, capable d’opérer de jour comme de nuit, sous la pluie ou les tempêtes de sable, confère au Maroc une capacité quasi continue d’observation, notamment sur la zone tampon du Sahara et la frontière avec l’Algérie. Le choix du satellite Ofek 13, plus léger (environ 350 kg) et placé sur une orbite terrestre basse entre 400 et 600 km, permet une couverture dynamique avec des images tridimensionnelles d’une précision remarquable.

Le journaliste Bouchaïb El Bazi souligne dans ce sens :

« Lorsque le Royaume regarde vers les étoiles, ce n’est pas pour contempler le ciel, mais pour lire la terre. Le Maroc ne se contente plus d’avoir des satellites , il comprend leur langage. C’est un acte de présence, une affirmation de souveraineté, un message silencieux à ceux qui ne lisent les cartes qu’avec des canons. Le Maroc ne joue plus selon les anciennes règles. Il dicte les siennes… depuis l’orbite. »

Investir dans la sécurité de demain

La construction de cette capacité repose également sur un partenariat stratégique avec les industries spatiales occidentales. Le Royaume avait collaboré auparavant avec Airbus et Thales Alenia Space pour la conception des satellites Mohammed VI, dans un projet de près de 500 millions d’euros. Désormais, il entre dans une phase plus autonome et ambitieuse, dans laquelle la donnée satellitaire devient un levier de décision immédiate.

Le coût d’un tel programme reste élevé, mais El Bazi y voit un investissement à long terme , « c’est un pilier de la sécurité nationale, un outil d’indépendance, et une boussole qui guide l’action stratégique marocaine dans un monde où la rapidité d’analyse est plus décisive que la puissance de feu. »

Vers une doctrine de sécurité multidimensionnelle

Le Maroc opte pour une doctrine où la surveillance, la prédiction et la dissuasion s’articulent dans un écosystème informationnel fluide, capable d’absorber le choc des menaces asymétriques. Cette stratégie place le Royaume au cœur des dynamiques de sécurité régionales, en tant qu’acteur capable de gérer l’incertitude depuis les hauteurs de l’orbite.

Il ne s’agit plus d’attendre la menace , il s’agit de la voir venir — de loin. Et dans un monde où l’information est le premier champ de bataille, celui qui observe le ciel règne sur la terre.

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