Bruxelles : Fumée blanche, démocratie grise

Fatima Zahra Majdi

Après treize mois de dialogues de sourds, de sourires de façade et de cafés tièdes au parlement bruxellois, la fameuse fumée blanche tant attendue semble enfin s’échapper du collège néerlandophone. Une coalition serait née. Hourra. Sauf qu’au lieu d’une colombe, c’est un pigeon qui sort du chapeau.

Mais attention , pas n’importe quelle coalition. Celle-ci a été méticuleusement tricotée à huis clos, entre survivants de la dernière claque électorale. Un patchwork de partis qui, mis bout à bout, représentent surtout une chose , le déni démocratique version bruxelloise. Parce qu’en réalité, c’est une coalition de perdants qui s’installe. Un gouvernement du rejet plutôt qu’un gouvernement de projet.

Et surtout, soyons honnêtes : tout a été fait pour exclure Fouad Ahidar & Co, la “team gênante”, celle qui a eu le malheur d’avoir une légitimité populaire. Trop visible, trop bruyante, trop… démocratique ? Que nenni. Le jeu était pipé dès le départ. Une mise à l’écart méthodique, quasi chirurgicale, au nom d’une stabilité qu’on devine déjà éphémère.

Pendant ce temps, la démocratie fait les frais des accords de couloir où l’on s’échange des postes comme des cartes Panini.

On nous parle de “choix raisonnables”, de “dialogue apaisé”, mais les électeurs, eux, n’ont jamais été invités à la fête. Leur volonté ? Mise en sourdine. Leur vote ? Redécoupé en fonction des besoins du moment. Ici, les principes démocratiques sont flexibles, comme les horaires de la STIB.

Ahidar, pourtant, a joué le jeu. Main tendue, propositions concrètes, volonté de bâtir un projet collectif. Mais non. Trop intègre, peut-être. Trop difficile à caser dans les petites cuisines politiciennes.

Il fallait un casting docile. Pas une équipe qui tient debout toute seule.

Qu’on se rassure, l’opposition n’a pas dit son dernier mot. “Team Ahidar” ne disparaîtra pas dans les marges du PV. Le combat continue. Et il promet d’être bruyant, tenace, obstiné. Parce qu’à Bruxelles, si la fumée est blanche, c’est peut-être qu’on a brûlé un peu trop vite les principes de la représentation populaire.

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