Mehdia-sur-Mercure : quand le poisson se vend au thermomètre, l’hygiène au lance-pierre, et le respect en option
Hanane El Fatihi
Bienvenue à Mehdia, cette jolie station balnéaire où le soleil brille, les plages sont dorées… et le poisson sent déjà la fin de vie avant même de toucher le grill. Vous pensiez manger du frais ? Détrompez-vous. Ici, c’est le royaume du congelé douteux, du chouwaya qui rend malade et de l’ivresse institutionnalisée derrière les étals.
Le festival du poisson… pourri
Le marché du poisson à Mehdia, c’est une immersion sensorielle. L’odeur vous saisit à vingt mètres. Poissons dégelés sous le soleil de plomb, stockés sur des bâches sales, tripotés à mains nues, parfois tombés à même le sol avant de revenir sur le barbecue. Le tout, sans eau potable, ni savon, ni la moindre notion d’hygiène. Le seul liquide à disposition ? La bière chaude entre les doigts poisseux du préposé au gril, visiblement plus concerné par le prochain shot que par votre filet de dorade.
La gastronomie de l’intoxication
Les témoignages abondent , vomissements, diarrhées, séjours aux urgences… Après avoir goûté au fameux « chouwaya de Mehdia », plusieurs familles marocaines et touristes ont vu leurs vacances tourner au cauchemar. L’estomac, ce héros malchanceux, n’a pas supporté ce qui fut vendu comme du “poisson grillé maison” mais qui, en réalité, pourrait bien provenir d’une chambre froide soviétique de 1987.
L’accueil : entre agressivité et insultes
Vous pensiez déguster paisiblement face à la mer ? Mauvais scénario. À Mehdia, vous êtes accueillis par des cris, des engueulades entre marchands, des menaces entre clients, et parfois même une ou deux bagarres pour animer l’apéritif. Demander une table propre ou une bouteille d’eau pour laver votre poisson ? C’est s’exposer à des regards hostiles et à des remarques du style :
« Wach nta f’dar dyalek ?! »
Non, justement, et c’est bien là le problème.
Des prix pour touristes… ou pour pigeons ?
Cerise sur le thon , les prix. Un kilo de poisson congelé vous coûtera parfois plus qu’un dîner dans un restaurant étoilé de Rabat. Sans ticket, sans balance visible, sans barème. Ici, c’est au faciès et à la tête du client. Et surtout, c’est sans vergogne. Vous venez d’Europe ? Préparez-vous à faire saigner votre portefeuille autant que votre foie.
Et les autorités dans tout ça ?
Nulle part. Silence radio. Aucun contrôle sanitaire, aucune réglementation visible, aucun encadrement. Mehdia semble évoluer en zone franche de la déchéance touristique, où les normes sont restées coincées à Casablanca… en 1972. On laisse faire, on détourne le regard, et on laisse les visiteurs découvrir que le “poisson local” est une épreuve pour le système digestif et nerveux.
C’est ça, l’image du Maroc pour les étrangers ?
À l’heure où le Royaume ambitionne d’attirer 17 millions de touristes par an, offrir un tel spectacle à Mehdia revient à leur dire ,
Bienvenue au Maroc, l’hospitalité commence par une intoxication.
Et c’est regrettable. Car ce pays regorge de richesses culinaires, de traditions nobles, et de produits de la mer d’une qualité exceptionnelle. Mais pas ici. Pas à Mehdia. Pas dans ce chaos gastronomique et sanitaire.
Il est temps de dire
STOP
Ce marché doit être fermé. Non pas réformé, repeint ou visité par une délégation de technocrates. Fermé.
Et remplacé, peut-être, par un vrai projet structurant , un espace propre, contrôlé, réglementé, où le poisson est frais, l’accueil courtois, et le prix affiché.
À Mehdia, on grille tout sauf les normes. Il serait temps que les autorités cessent de regarder ailleurs. Ou alors, qu’on propose des antidouleurs gratuits avec chaque sardine servie.
À suivre. Ou à digérer, si votre estomac le permet.