Colère des Marocains du monde : « Nous ne rentrerons pas cet été »

Bouchaib El Bazi

Exaspérés par la cherté de la vie et les arnaques immobilières à répétition, des milliers de MRE appellent au boycott symbolique de l’été 2025 et interpellent directement le gouvernement marocain.

« Salam Aleykoum. Nous ne rentrerons pas cet été. »

Ce message, répété en boucle sur les réseaux sociaux, résonne comme un cri de colère, un signal d’alarme lancé par une diaspora marocaine en souffrance. À travers un communiqué largement partagé sur WhatsApp, Facebook et TikTok, des milliers de Marocains Résidant à l’Étranger (MRE) expliquent leur décision de ne pas faire le voyage au Maroc cet été 2025. Une première. Un boycott symbolique, mais lourd de sens.

Le Maroc, devenu une destination… de luxe ?

Pour ces familles qui ont grandi entre deux rives, venir passer l’été « au bled » était autrefois un moment sacré. Mais cette année, le cœur n’y est plus. Et pour cause , les prix ont explosé.

« Tout est devenu hors de prix. Louer un appartement pour quelques semaines coûte aussi cher qu’un séjour en Europe. Les restaurants, les plages privées, les taxis, même un simple café à Agadir ou Tétouan, tout est devenu un luxe », s’indigne un MRE établi en Belgique.

Ce sentiment d’être pris pour des vaches à lait alimente un ressentiment profond , « On nous attend avec nos devises, mais sans aucun respect. »

 Arnaques immobilières : le scandale de trop

Mais ce qui a fait déborder le vase, c’est bien le dossier des logements sociaux. Des milliers de MRE affirment avoir été floués. Depuis plus de dix ans, beaucoup ont investi dans des appartements censés être livrés en quelques années. En réalité ? Des projets bloqués, des chantiers à l’abandon, des promesses non tenues.

« On a tout donné pour acheter un petit appartement au pays. Aujourd’hui, ni logement, ni remboursement. Seulement du mépris. »

Le communiqué dénonce un système où promoteurs véreux, intermédiaires sans scrupules et silence administratif s’entrelacent dans une mécanique d’impunité. Certains ont même engagé des procédures judiciaires qui traînent depuis des années.

Un appel à l’action, pas à la rupture

Contrairement aux apparences, le message des MRE n’est pas un reniement de leur attachement au Maroc. Bien au contraire. Ils affirment leur amour pour leur pays d’origine, mais refusent d’être « traités comme des guichets automatiques ».

« Nous ne cherchons pas à salir l’image du Maroc. Nous demandons simplement justice. Transparence. Respect. »

Le communiqué appelle à :

  • l’ouverture d’enquêtes sérieuses sur les projets immobiliers non livrés,
  • la responsabilisation des promoteurs,
  • la protection effective des droits des MRE,
  • et surtout, une restauration de la confiance entre les Marocains du monde et les institutions nationales.

 Un message viral, un malaise profond

Sur les réseaux, le hashtag #JusticePourLesMRE gagne du terrain. Des vidéos de témoignages, des captures de contrats non honorés, des photos de terrains vagues censés accueillir des immeubles flambant neufs. Tout circule. Et tout pointe vers une même question , le gouvernement va-t-il enfin réagir ?

 Les MRE en chiffres

  • Près de 6 millions de Marocains vivent à l’étranger
  • En 2024, ils ont envoyé plus de 110 milliards de dirhams de transferts
  • Chaque été, près de 3 millions d’entre eux rentrent au pays
  • Plus de 12 000 plaintes liées à l’immobilier MRE ont été recensées depuis 2015

Un été sans retour… mais pas sans espoir

Le boycott de l’été 2025 n’est pas une rupture, c’est un signal d’alarme. Un geste fort pour dire que l’amour d’un pays ne doit pas rimer avec résignation. Les MRE demandent justice, non des faveurs. Respect, non des discours.

Le Maroc peut-il encore se permettre d’ignorer la voix de ses enfants de la diaspora ? Le gouvernement est désormais face à un choix , répondre… ou perdre un lien de plus en plus fragile.

 

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