Moulay El Hassan, colonel-major : un pas décisif dans la formation du futur roi

Bouchaib El Bazi

Parmi les applaudissements solennels d’une nation rassemblée autour de son trône, une promotion militaire discrète mais profondément symbolique vient d’être annoncée. Le prince héritier du Maroc, Son Altesse Royale le Prince Moulay El Hassan, accède au grade de colonel-major des Forces Armées Royales. Une consécration qui incarne une vision de la monarchie marocaine où tradition, responsabilité et excellence convergent dans le sillage d’une formation exigeante, au carrefour de l’académique et du militaire.

Une montée en grade à haute portée symbolique

Le jeudi 31 juillet 2025, en pleine célébration du 26e anniversaire de l’accession au trône du roi Mohammed VI, un moment discret mais chargé de sens s’est déroulé dans l’enceinte du Palais royal de Tétouan. C’est dans le cadre de la cérémonie de prestation de serment des nouveaux officiers que le Maroc a appris la nomination du prince héritier au rang de colonel-major. Une décision royale qui s’inscrit dans la continuité d’un parcours méticuleusement tracé, conjuguant formation académique d’excellence et préparation militaire rigoureuse.

Depuis plusieurs années, Moulay El Hassan incarne une trajectoire exemplaire. À travers une implication progressive dans les activités militaires et des apparitions ponctuées par des responsabilités croissantes, le prince illustre la stratégie monarchique d’un encadrement du pouvoir futur à travers le prisme de la compétence et de la discipline.

Un enracinement dans la tradition militaire alaouite

Ce n’est pas la première fois que Moulay El Hassan apparaît en uniforme. Depuis 2015, il participe activement à des cérémonies militaires d’envergure. En 2017, alors âgé de quatorze ans, il présidait pour la première fois, sur ordre de son père, une réception officielle pour l’anniversaire de la création des FAR. En 2019, il supervisait la remise de diplômes à la prestigieuse École Royale d’État-Major à Kénitra, un événement qui n’avait rien de symbolique : il s’agissait bel et bien d’un exercice concret de leadership et de représentation militaire.

Ces moments ne sont pas anecdotiques. Ils sont la traduction d’une culture monarchique propre au royaume chérifien, où le futur souverain doit, avant de régner, comprendre, sentir et incarner les enjeux de défense nationale. Son grand-père, le roi Hassan II, avait lui-même été Chef d’État-Major avant son accession au trône. Quant à Mohammed VI, il fut nommé en 1985 coordinateur des bureaux et services des Forces Armées Royales. Aujourd’hui, c’est au tour de Moulay El Hassan d’endosser progressivement ce manteau de commandement.

Une formation d’élite, entre enracinement national et ouverture internationale

Le jeune prince a achevé en mai 2025 un cycle de formation universitaire couronné par un master en relations internationales obtenu au sein de l’Université Mohammed VI Polytechnique de Benguerir, au sein de la faculté de gouvernance et des sciences économiques et sociales. Ce choix d’un cursus au Maroc — quand tant d’héritiers de trônes choisissent Oxford ou Harvard — témoigne d’une volonté assumée de s’inscrire dans le tissu national, de comprendre son pays de l’intérieur et de porter l’ambition du Maroc moderne.

Parallèlement, son éducation religieuse, ses compétences linguistiques (français, anglais, espagnol, amazighe, arabe classique), sa maîtrise du Coran, et ses passions sportives et culturelles — équitation, football, aviron, aéronautique — façonnent un profil multidimensionnel, résolument adapté aux défis du XXIe siècle.

Une monarchie en mouvement, enracinée et tournée vers l’avenir

L’accession de Moulay El Hassan au grade de colonel-major n’est pas un simple geste protocolaire. Elle marque l’entrée du prince dans une nouvelle ère de responsabilités opérationnelles, dans la perspective d’assumer un jour le commandement suprême des FAR, comme le veut la tradition monarchique marocaine.

Dans un contexte international complexe, marqué par des menaces hybrides, des incertitudes régionales et des mutations géopolitiques rapides, la monarchie marocaine continue de miser sur la stabilité par la transmission ordonnée, la préparation rigoureuse et l’exemplarité. Comme l’a souligné le roi Mohammed VI lors de la dernière commémoration des FAR, “la vigilance, la sagesse et le savoir” sont les armes nouvelles d’un monde en mutation.

Une continuité dynastique au service de la nation

Moulay El Hassan n’est pas seulement l’héritier d’un trône. Il est le maillon vivant d’une chaîne historique qui remonte à Hassan ben Ali, petit-fils du Prophète, en passant par les sultans Saadiens, les conquérants alaouites, et les bâtisseurs modernes du Maroc postcolonial.

En baptisant la promotion 2025 des officiers du nom du sultan Ahmed Al-Mansour Ad-Dhahabi — symbole de puissance, de sagesse et d’ouverture vers l’Afrique — le roi Mohammed VI a adressé un message fort : celui d’un royaume qui ne se replie pas sur lui-même, mais qui s’appuie sur ses racines pour projeter sa puissance douce et sa stabilité stratégique.

Un héritier en phase avec son peuple et son temps

Si les Marocains se reconnaissent dans la figure du jeune prince, c’est qu’il incarne un équilibre rare entre tradition et modernité, humilité et autorité, enracinement et ouverture. Il est, comme le veut l’expression populaire, “un prince de son époque, et un roi de demain”. Sa présence aux côtés du roi dans toutes les grandes cérémonies, son style discret mais affirmé, son attachement à la culture nationale et son sens du devoir cultivent l’image d’un héritier préparé, respecté, attendu.

Une stratégie de souveraineté à long terme

En érigeant l’excellence en exigence et la formation en socle du leadership, la monarchie marocaine façonne plus qu’un prince : elle prépare un roi d’État. Un chef suprême des armées, mais aussi un homme de paix, de culture et de diplomatie. L’élévation de Moulay El Hassan au grade de colonel-major n’est qu’un jalon dans un itinéraire long et réfléchi, celui d’un héritier appelé à gouverner dans la continuité d’une monarchie millénaire… avec la lucidité d’un Maroc tourné vers l’avenir.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.