Discours du Trône 2025 : Une vision stratégique pour un Maroc souverain, solidaire et résilient
Bouchaib El Bazi
Le discours du Trône du 29 juillet 2025 n’a pas été une simple halte cérémonielle dans le calendrier monarchique. Il s’est imposé comme un moment de vérité et de projection, un instant de lucidité nationale dans un monde en perpétuelle turbulence. Dans une allocution empreinte de clarté et de sérénité, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a choisi de s’adresser à son peuple non pas pour énumérer des réalisations, mais pour poser les jalons d’un avenir conscient, construit, et surtout choisi.
Une économie fondée sur la stratégie et la diversification
Le souverain a rappelé avec justesse que les performances économiques enregistrées par le Maroc depuis deux décennies ne relèvent ni du hasard ni d’un effet de conjoncture. Elles sont le fruit d’une vision stratégique, articulée autour d’investissements ciblés dans des secteurs à haute valeur ajoutée — automobile, aéronautique, énergies renouvelables — et d’une politique d’ouverture qui a élargi l’horizon économique du Royaume à un marché de trois milliards de consommateurs.
Loin d’un simple exercice de communication, ce passage du discours visait à souligner une idée fondamentale : la force d’un État aujourd’hui se mesure à sa capacité d’anticipation, de résilience face aux crises systémiques, et à son aptitude à maintenir le cap même dans les tempêtes climatiques, sanitaires ou financières.
Infrastructures et aménagement du territoire : vers une cohésion spatiale
Dans cette même logique prospective, le discours a mis en lumière une dynamique d’aménagement du territoire centrée sur l’humain. Le prolongement de la ligne du train à grande vitesse vers Marrakech n’est pas seulement un projet ferroviaire, c’est un symbole fort d’intégration régionale. Les politiques d’autonomie énergétique et de sécurité hydrique s’inscrivent également dans cette volonté d’anticiper les chocs futurs, en ancrant les grands chantiers dans une vision de long terme.
Il s’agit d’une approche intégrée où le territoire n’est pas réduit à une carte, mais devient un levier de justice spatiale, de performance économique et de résilience sociale.
Croissance et justice sociale : refuser le Maroc à deux vitesses
Le discours a aussi rappelé, avec une honnêteté rare dans les hautes sphères de gouvernance, que les taux de croissance et les indicateurs macroéconomiques, aussi flatteurs soient-ils, ne sauraient suffire s’ils ne se traduisent pas par un bien-être tangible pour les citoyens. La baisse du taux de pauvreté à 6,8 % et l’entrée du Maroc dans le cercle des pays à développement humain élevé constituent certes des acquis majeurs, mais le Roi a souligné l’urgence de combler les disparités persistantes, notamment dans le monde rural.
L’expression « Il n’y a pas de place aujourd’hui ni demain pour un Maroc à deux vitesses » sonne comme une mise en garde, mais aussi comme un appel à l’action. Elle traduit une volonté ferme d’ancrer l’unité nationale dans la justice territoriale et sociale.
Développement intégré : un nouveau contrat territorial
C’est dans cet esprit que le concept de développement intégré a été mis en avant comme réponse structurelle aux déséquilibres. Il s’agit de valoriser les spécificités locales, de stimuler l’emploi régional, de réformer les systèmes de santé et d’éducation, de gérer les ressources hydriques avec anticipation, et d’harmoniser le développement territorial avec les grands projets nationaux.
Cette approche systémique fait de l’équité spatiale non pas une revendication mais une condition sine qua non de la cohésion nationale.
Démocratie et institutions : réenchanter la participation
Fidèle à sa conception d’une monarchie agissante et garante du fonctionnement institutionnel, le Roi a appelé à la tenue d’élections législatives transparentes avant la fin de l’année, dans un cadre juridique clair et à travers des concertations ouvertes. Le message est sans ambiguïté : la participation politique n’est pas un luxe démocratique, mais un mécanisme vital pour assurer la continuité, la légitimité et la stabilité des institutions.
Dans un contexte régional marqué par l’instabilité et la fragmentation, cette affirmation de confiance dans les mécanismes démocratiques vient renforcer la crédibilité du modèle marocain.
Diplomatie de sagesse : main tendue et fermeté des principes
Sur le plan régional, le discours a réaffirmé, avec calme et détermination, l’attachement du Maroc au dialogue constructif avec l’Algérie, malgré les différends. La main tendue demeure, nourrie par une conscience historique commune et par la conviction que l’avenir maghrébin passe par la réconciliation.
Concernant la question du Sahara marocain, le Souverain a réitéré la centralité de l’initiative d’autonomie comme solution réaliste et consensuelle, saluant le soutien croissant qu’elle suscite au sein de la communauté internationale, notamment de pays influents comme le Royaume-Uni et le Portugal. L’idée-force reste la même : sortir du piège des rapports de force stériles pour construire un règlement durable, où nul ne perd la face et où tous gagnent la paix.
Un hommage aux bâtisseurs et aux gardiens de la nation
Le discours s’est clôturé par un hommage appuyé aux Forces Armées Royales, aux services de sécurité et à l’ensemble de ceux qui veillent à la stabilité du pays. En invoquant les figures tutélaires de Mohammed V et Hassan II, ainsi que les martyrs de l’unité nationale, le Roi a inscrit l’action présente dans une continuité historique, où le passé éclaire le chemin du futur.
Une feuille de route claire pour le Maroc de demain
Le discours du Trône 2025 ne se voulait ni un bilan, ni une proclamation. Il s’apparente à une feuille de route lucide et ambitieuse pour un Maroc souverain, cohérent et juste. Un Maroc qui résiste aux crises par la diversification de son économie, qui renforce son unité par la réduction des inégalités, qui affermit sa démocratie par la participation citoyenne, et qui trace sa diplomatie dans la retenue et la clarté.
Il offre, enfin, une vision d’un pays qui ne se contente pas d’exister dans le tumulte mondial, mais qui aspire à y jouer un rôle actif, équilibré et inspirant.
Ce discours marque l’entrée dans une nouvelle phase de maturité politique pour le Royaume. Il montre que la gouvernance éclairée est possible lorsque la lucidité stratégique se conjugue avec le courage moral. Et il rappelle, surtout, que le Maroc n’a jamais été aussi proche de la promesse qu’il porte en lui depuis l’aube de son indépendance.