Hicham Gerando face à la justice canadienne : un mois de prison pour un cybercriminel multirécidiviste… et après ?
Bouchaib El Bazi
Montréal – C’est aujourd’hui, avant le 5 août, que Hicham Gerando, figure controversée du cyberespace maghrébin, devrait officiellement se livrer à la police canadienne pour purger une peine de un mois de prison ferme, assortie d’un mois de travaux d’intérêt général, suite à sa condamnation dans une affaire de cybercriminalité.
Condamné par la justice canadienne pour diffusion malveillante de contenus personnels, harcèlement numérique et atteinte à la réputation, Gerando a été jugé coupable d’avoir orchestré une vaste campagne de dénigrement ciblé à travers divers canaux numériques, visant aussi bien des individus de la diaspora marocaine que des responsables et figures publiques.
Un réseau tentaculaire de manipulation numérique
L’homme, qui se présentait comme un « lanceur d’alerte » au service de la transparence, est accusé d’avoir exploité des réseaux sociaux, des groupes WhatsApp et des chaînes YouTube à des fins de chantage numérique, de diffamation, et de fabrication de fausses preuves. Selon les estimations d’un rapport confidentiel transmis aux autorités canadiennes, plus de 500 victimes identifiées auraient subi des préjudices graves à cause de ses activités.
Parmi elles , journalistes, militants, responsables associatifs, mais aussi simples citoyens devenus cibles d’une stratégie de persécution numérique, souvent motivée par des règlements de comptes personnels ou des manipulations politiques. Le parquet a souligné l’utilisation systématique de données obtenues illégalement et de complicités au sein de cercles discrets pour alimenter ces attaques.
Une peine légère… pour un cas explosif ?
Si la peine de 30 jours de détention peut sembler modérée au regard de l’ampleur des faits, elle ouvre néanmoins la voie à une reconfiguration délicate du dossier Gerando. En effet, selon plusieurs sources proches de l’enquête, l’affaire n’a révélé à ce jour qu’une infime partie de ses ramifications, à peine 5 % de ce que cache réellement le réseau qu’il aurait animé.
La question qui se pose est donc la suivante , ce mois de prison sera-t-il suffisant pour provoquer une prise de conscience chez Gerando, ou ne servira-t-il qu’à radicaliser davantage ses méthodes et ses cibles ?
Le spectre des révélations : vers un effet domino ?
Des zones d’ombre persistent. Selon des proches du dossier, Hicham Gerando envisagerait de faire tomber certains de ses collaborateurs, en menaçant de révéler les noms de ceux qui lui fournissaient informations et documents compromettants. Une sorte de « règlement de comptes à ciel ouvert » semble se profiler, ce qui pourrait relancer une série de poursuites, y compris dans d’autres juridictions.
Un autre nom refait surface , Al-Hijjawi, ancien collaborateur présumé, actuellement silencieux mais en passe de publier un ouvrage explosif, dont l’écriture serait en phase finale. Ce livre, selon les indiscrétions, lèverait le voile sur les relations troubles entre le réseau Gerando et certains acteurs étrangers, notamment aux Émirats arabes unis.
De l’affaire communautaire à l’affaire transnationale
Jusqu’ici, les victimes étaient essentiellement issues de la communauté marocaine. Mais les prochaines révélations pourraient impliquer des États étrangers, des personnalités publiques internationales et des circuits d’influence bien plus larges. L’après-prison de Gerando s’annonce donc comme un tournant stratégique , soit il entame une retraite numérique forcée, soit il relance ses attaques dans une logique de vengeance et de dévoilement, exposant des figures jusqu’alors restées dans l’ombre.
Entre justice pénale et guerre d’informations
Alors que Hicham Gerando s’apprête à franchir les portes du centre pénitentiaire, la société civile, les autorités et les plateformes numériques restent en alerte. Car derrière l’arrestation d’un individu se cache peut-être un réseau d’influence, d’intimidation et de manipulation bien plus vaste, dont la désintégration ne fait que commencer.