Georges-Louis Bouchez et la presse : « je t’aime, moi non plus » à la sauce libérale
Bouchaib El Bazi
On le savait friand de micros et de caméras, mais la saga estivale de la carte PMR utilisée par le chauffeur de Georges-Louis Bouchez a confirmé ce que beaucoup de journalistes savaient déjà , entre le président du MR et les médias, c’est une histoire d’amour… toxique.
Quand la carte PMR devient carte de presse
La scène a fait le tour de la toile , une diatribe à peine voilée adressée à une journaliste de la RTBF, accusée d’erreurs dans son article sur l’affaire de la fameuse carte PMR. « Envoie-le-moi. Je te jure, il va être super bien reçu », aurait lancé Bouchez, avant d’ajouter une menace sibylline qui ferait presque passer les tweets de Donald Trump pour des mots doux.
Résultat , la journaliste est sortie ébranlée, Bouchez galvanisé, et la Belgique a découvert que la petite carte bleue pouvait déclencher une grande tempête.
Un président insomniaque (au service de sa réputation)
Chez GLB, le rapport aux médias ressemble à une veille automatique , le moindre article, le plus petit reportage, et hop, le téléphone des journalistes s’illumine, parfois au beau milieu de la nuit. Peu importe l’heure, pourvu qu’on corrige ce qui ne lui convient pas.
Certains parlent d’une obsession, d’autres d’un contrôle qualité maison. Les journalistes, eux, oscillent entre amusement et exaspération, selon la longueur des messages reçus.
Le paradoxe Bouchez
Ce qui frappe, c’est ce paradoxe , GLB a besoin des médias autant qu’il les combat. Sans caméras, il dépérit ; avec elles, il s’enflamme. Chaque polémique devient carburant, chaque critique une occasion de riposte. On dit souvent que les hommes politiques entretiennent une relation compliquée avec la presse ; Bouchez, lui, a décidé de l’assumer pleinement… quitte à transformer chaque journaliste en sparring-partner involontaire.
Du théâtre politique au théâtre médiatique
Dans le fond, Bouchez incarne une tendance contemporaine , celle du politicien influenceur, qui conçoit la presse non comme un contre-pouvoir, mais comme une scène supplémentaire pour prolonger son spectacle. Les journalistes, qu’ils le veuillent ou non, deviennent des figurants dans son scénario – parfois même des cibles.
La carte PMR restera peut-être une anecdote dans l’histoire politique belge. Mais elle aura eu le mérite de lever le rideau sur un secret de Polichinelle , Georges-Louis Bouchez ne lit pas la presse, il la surveille. Et il ne la consomme pas, il la corrige. À coups de SMS, d’appels… et de petites piques, toujours prêtes à être twittées.