Elles s’appellent Sarah, Zineb, Nezha ou Hanae. Certaines sont nées à Casablanca, d’autres à Marseille, Londres ou Montréal. Toutes ont en commun d’avoir choisi l’entrepreneuriat comme terrain de jeu et comme acte d’émancipation. Dans un Maroc encore classé 137ᵉ sur 148 pays pour la participation économique des femmes (Global Gender Gap Report 2025), ces trajectoires résonnent comme des signaux faibles d’un grand changement.
Briser les clichés, une bataille du quotidien
« Quand j’ai cherché des partenaires, je me suis heurtée à un mur de méfiance », raconte Sarah Nadjar, revenue de France pour lancer son agence à Casablanca. Pour Zineb Britel, fondatrice de la marque de mode Zyne, l’anecdote est encore plus crue , « Un investisseur m’a demandé pourquoi je ne pensais pas plutôt à fonder une famille. » Dans un pays où le taux d’activité des femmes plafonne à 19 %, chaque succès féminin est une victoire arrachée contre les stéréotypes.
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Une vague d’initiatives
Le Maroc n’est pourtant pas à l’arrêt. Programmes de financement (We Finance Code), incubateurs dédiés (Khti Lab), partenariats internationaux (Min Ajliki, avec la coopération belge)… Les initiatives se multiplient. « Les astres sont alignés », s’enthousiasme Mohammed Zouheir El Ansari, expert à la GIZ. « Ce n’est plus un simple frémissement , les femmes osent, et le système commence à suivre. »
L’atout diaspora
C’est là qu’interviennent les Marocaines du monde. En puisant dans leur expérience internationale, elles réinventent l’entrepreneuriat marocain. Nezha Alaoui, fondatrice de Mayshad Luxury, a fait de sa marque et de sa fondation une vitrine mondiale pour l’innovation au féminin. Hanae Bezad, après un parcours en Europe, a lancé Douar Tech pour initier des jeunes femmes au numérique dans les villages.
La diaspora agit aussi à travers des réseaux structurés , en Suisse, l’association Damane finance des projets portés par des femmes ; au Maroc, la CGEM et l’AFD ont lancé Meet Her Maroc, un rendez-vous qui met en lumière les entrepreneures de la diaspora.
Diplomatie économique au féminin
La dynamique dépasse les frontières de l’économie. Plusieurs femmes issues de la diaspora ont accédé à des fonctions stratégiques au Maroc. Leila Benali, ministre de la Transition énergétique, ou encore Amal El Fallah Seghrouchni, en charge du numérique, incarnent ce pont entre expertise internationale et ancrage national.
Ambassadrices d’un Maroc nouveau
Rien n’est gagné , financements trop lents, plafond de verre persistant, sexisme ordinaire… Mais un mouvement est en marche. Les Marocaines entrepreneures, qu’elles soient d’ici ou d’ailleurs, incarnent plus qu’une réussite individuelle , elles portent une nouvelle image du Maroc, celle d’un pays qui veut conjuguer compétitivité et inclusion.
Elles sont à la fois entrepreneures et ambassadrices. Non seulement de leurs projets, mais d’une société qui change – lentement, mais sûrement.