Affaire Ibtissam Lachgar : quand la liberté d’expression se heurte aux constantes religieuses

Par Bouchaib El Bazi

La cour d’appel de Rabat a rendu son verdict ce mercredi soir , deux ans et demi de prison ferme et 50.000 dirhams d’amende contre l’activiste féministe Ibtissam Lachgar, poursuivie pour atteinte à la religion islamique. Une décision qui vient clore un dossier sensible, à la croisée du militantisme féministe et du respect des référentiels religieux dans la société marocaine.

Un slogan qui a fait basculer la militante

Les faits remontent à août dernier. L’activiste a été arrêtée à son domicile à Rabat après la diffusion sur Facebook d’une photo où elle apparaissait vêtue d’un tee-shirt arborant l’inscription en anglais , « Allah is Lesbian ». Une provocation assumée ? Interrogée durant le procès, Lachgar a soutenu qu’elle n’avait « nullement l’intention d’offenser l’islam », mais qu’elle souhaitait dénoncer ce qu’elle considère comme une « instrumentalisation politique de la religion ».

La justice tranche

Le ministère public n’a pas retenu cette ligne de défense. S’appuyant sur l’article 267-5 du Code pénal, qui criminalise toute atteinte à l’islam, l’accusation a maintenu que ce type de message portait atteinte aux constantes religieuses du Royaume. La cour d’appel a suivi cette interprétation, considérant que le slogan affiché ne relevait pas de la simple liberté d’expression mais d’une offense à caractère religieux.

Une responsabilité assumée ?

Si certains voient dans ce verdict une limite imposée à la liberté individuelle, d’autres rappellent que la militante avait conscience de la portée de son geste. Le débat reste vif , l’acte relevait-il d’une démarche militante maladroite ou d’une véritable atteinte à la foi collective ? Dans tous les cas, Ibtissam Lachgar devra désormais assumer les conséquences de son choix, dans un pays où la Constitution consacre l’égalité mais aussi le respect des constantes religieuses et identitaires.

Le Maroc entre modernité et valeurs fondamentales

Ce procès illustre la complexité de l’équation marocaine , comment concilier ouverture, débats sociétaux et respect des fondements religieux ? Le système judiciaire, dans ce cas, a rappelé ses prérogatives en sanctionnant un acte jugé offensant. Quant à l’activiste, sa décision de porter un tel message engage sa propre responsabilité , militer suppose un courage, mais aussi l’acceptation des risques que cela comporte dans un cadre légal bien défini.

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