Vers un tournant décisif dans le dossier du Rif ?

Bouchaib El Bazi

La sortie exceptionnelle de Nasser Zefzafi pour assister aux obsèques de son père suscite espoirs et interprétations

Le Maroc a vécu, jeudi 4 septembre 2025, un moment qualifié d’« exceptionnel » par l’ancien ministre et avocat, Mustapha Ramid. Autorisé à quitter sa cellule de la prison de Tanger, Nasser Zefzafi, chef de file du Hirak du Rif condamné à vingt ans de prison, a pu se rendre à Ajdir pour accompagner son père, Ahmed Zefzafi, décédé la veille à l’âge de 78 ans après une longue maladie.

Dans une publication sur sa page Facebook, Ramid a souligné que cette scène, où l’activiste rifain est apparu « libre, sans menottes, au milieu de centaines de sympathisants et de proches », traduit un signe fort d’apaisement. « Bien qu’il n’ait purgé que moins de la moitié de sa peine, il a parlé avec maturité et responsabilité. Le dossier du Hirak, qui a connu plusieurs gestes d’ouverture, s’approche sans doute de son tournant final », a-t-il écrit, exprimant l’espoir que cette évolution annonce « un avenir empreint de bien et de sérénité ».

Sur le toit de la maison familiale, face à une foule d’habitants et de partisans, Zefzafi a prononcé un discours bref mais lourd de signification. « Nous sommes tous les enfants de cette patrie. Quand je parle de patrie, je ne parle pas uniquement du Rif, mais de chaque parcelle de ce pays », a-t-il affirmé, sous les applaudissements.

Le militant, emprisonné depuis 2017, a également tenu à remercier la Délégation générale à l’administration pénitentiaire : « Je ne fais pas partie de ceux qui dénigrent les efforts des autres. Si je suis parmi vous aujourd’hui, c’est par la grâce de Dieu, puis grâce à l’administration pénitentiaire et à son délégué, qui ont œuvré jusqu’aux dernières heures pour que mon souhait d’assister aux funérailles de mon père soit exaucé. »

Évoquant la mémoire du défunt, surnommé par son fils « le père des libres et des libres-femmes », Zefzafi a rappelé que celui-ci avait « consacré sa vie à la patrie, dans son Sahara, son Est, son Nord et son Ouest ».

Ce moment rare, où se sont mêlées douleur familiale et déclaration politique, est perçu par de nombreux observateurs comme une étape supplémentaire vers une possible réconciliation. Après huit années d’incarcération de plusieurs figures du Hirak, la question d’une libération des détenus refait surface avec acuité, portée à la fois par la société civile et par les signaux envoyés ces derniers mois depuis les cercles officiels.

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