Alger accueille l’IATF 2025 : entre ambitions africaines et réalités internes
Bouchaib El Bazi
Du 4 au 10 septembre, la capitale algérienne accueille la quatrième édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025). Plus de 35.000 visiteurs venus de 80 pays et 2.000 entreprises exposantes sont attendus pour cet événement présenté comme un moment phare de l’intégration économique africaine.
Mais derrière les chiffres impressionnants et les discours officiels, une lecture plus critique s’impose. En plaçant personnellement l’organisation de cette foire sous sa présidence, Abdelmadjid Tebboune a cherché à transformer l’IATF en une vitrine diplomatique et en un outil de communication politique. L’image d’une Algérie « locomotive de l’Afrique » contraste avec une réalité beaucoup plus fragile : un pays largement dépendant de ses hydrocarbures, où l’investissement étranger demeure marginal et où l’économie peine à se diversifier.
La participation de quelques dirigeants africains, tels que Mohamed Ould El Ghazouani, président de la Mauritanie, ou encore l’ancien président nigérien Mahamadou Issoufou, confère certes une dimension protocolaire à l’événement. Mais elle ne suffit pas à occulter les défis structurels qui minent l’Algérie : une jeunesse en quête d’avenir à l’étranger, des élites qui s’expatrient, un climat politique marqué par la répression, et un système économique qui reste figé.
Aux yeux de plusieurs observateurs, la foire commerciale devient ainsi un décor soigné, destiné à donner le sentiment d’une ouverture que le pays ne pratique pas réellement. Sous la pression du haut commandement militaire, et notamment du général Saïd Chengriha, Abdelmadjid Tebboune utilise l’IATF comme un levier de visibilité internationale pour masquer l’échec de ses politiques internes.
Au final, l’IATF 2025 à Alger ne restera probablement pas dans les annales comme un jalon de l’intégration africaine, mais comme une tentative de plus d’un régime en quête de légitimité, préférant l’apparat des grandes messes internationales aux réformes de fond attendues par ses citoyens.