On applaudit à chaque annonce , une poche de gaz ici, une veine d’or là, sans oublier les pierres précieuses découvertes comme par magie sous nos pieds. Les communiqués officiels s’enchaînent, les ministres se félicitent, et les investisseurs privés se frottent les mains. Mais la vraie question reste obstinément sans réponse , à qui profite réellement cette richesse ?
Car pendant que des multinationales étrangères — parfois travesties en “partenaires stratégiques” — raflent la mise, l’État marocain se contente de ramasser les miettes. Officiellement, la fiscalité sur l’exploitation minière peut grimper à 25 %. Officieusement, c’est une autre chanson , déductions douteuses, factures gonflées, montages financiers si sophistiqués qu’ils feraient rougir un comptable genevois. Résultat ? Dans le meilleur des cas, on atteint 15 %. Autant dire une aumône.
Le peuple spectateur sur ses propres terres
Pendant que les camions sortent du sous-sol les trésors promis à l’exportation, le Marocain lambda observe, impuissant, les richesses de son pays lui filer entre les doigts. On ne construit pas des nations solides avec des miettes. On ne bâtit pas un avenir en laissant une poignée d’élites corrompues détourner les ressources au profit de leurs villas à Marbella et de leurs comptes aux Émirats.
Des routes et des valeurs, pas des déductions fiscales
Ce dont le Maroc a besoin, ce n’est pas d’un énième communiqué ministériel sur un “projet structurant”, mais de routes fiables, de pôles logistiques efficaces, d’écoles dignes de ce nom et d’une jeunesse formée. Un pays ne se construit pas en distribuant des pourcentages opaques, mais en investissant dans ses fondations.
Or que faisons-nous ? Nous livrons la jeunesse à elle-même, dans un climat où la corruption se transmet plus vite qu’un virus. Résultat : un peuple résigné, des jeunes en perdition, et des victimes d’injustice qui s’accumulent sans jamais obtenir réparation.
Quand l’héritage se dissout dans l’oubli
Nos aïeux ont bâti et défendu ce pays au nom de l’islam. Aujourd’hui, que reste-t-il de cet héritage ? Un paysage social où l’alcool se vend plus facilement que les livres, où le riba s’infiltre jusque dans les banques islamiques autoproclamées, où la vulgarité et la débauche sont promues comme des “choix modernes”. Ironie suprême , ceux qui veulent protéger la dignité de leur quartier passent parfois pour des criminels.
Une baraka en panne sèche
Il n’y a pas de baraka dans ce qui est bâti sur la corruption et la trahison des valeurs. On importe des modèles étrangers, on brandit la “laïcité” comme une modernité de substitution, oubliant que la force du Maroc a toujours résidé dans la synthèse entre tradition et progrès, foi et ouverture.
Alors oui, nous sommes fiers d’être Marocains. Oui, nous avons des richesses extraordinaires et des talents capables de briller dans le monde entier. Mais tant que le courage politique se limite à des pourcentages de redevances, tant qu’on n’aura pas repris le contrôle de nos ressources, reconstruit notre système éducatif et réhabilité les valeurs qui faisaient la force de nos ancêtres, nous continuerons à bâtir sur du sable — littéralement et symboliquement.