Il y a des silences qui en disent long. Le Polisario, naguère braillard et sûr de son destin « révolutionnaire », se découvre soudain une voix chevrotante, presque suppliante. Les dirigeants séparatistes, jadis adeptes des proclamations martiales, se rendent à l’évidence , le compte à rebours est lancé, la fin est proche, et le Conseil de sécurité de l’ONU s’apprête à écrire l’épilogue du feuilleton saharien en octobre prochain. Trois membres permanents ont déjà choisi leur camp – et devinez quoi, ce n’est pas celui des palabres éternelles.
La confirmation ne vient pas d’une rumeur de couloir mais de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU lui-même, lors d’un aparté avec le conseiller Afrique de Donald Trump. Dans leur langage feutré, une formule a claqué comme une sentence , « fin de partie ». Le Sahara, désormais, se lit à travers le prisme du développement et non plus à travers les slogans poussiéreux d’une guerre froide qui n’en finit pas de mourir.
Pris de panique, le Polisario guette le moindre signe diplomatique comme un joueur de poker ruiné observe le croupier. Mieux encore, il abandonne, un à un, ses dogmes sacrés. L’autodétermination, totem brandi depuis des décennies, se retrouve reléguée au rayon des antiquités politiques. On parle désormais d’une « sortie honorable », traduction élégante d’un retour au bercail, sous souveraineté marocaine. Le tout reste à négocier, bien sûr, mais l’essentiel est dit : la grandiloquence séparatiste cède le pas au réalisme.
Ironie du sort, l’Algérie, tutrice officieuse mais toujours « étrangère » au dossier selon sa rhétorique officielle, pourrait à son tour descendre de son piédestal et reconnaître, enfin, qu’elle est partie prenante. De là à ouvrir la voie à des discussions directes avec Rabat et Nouakchott, il n’y a qu’un pas. Mais qu’on ne s’y trompe pas , il s’agira de palabres protocolaires, car la solution est déjà actée par la communauté internationale – le plan d’autonomie marocain, seule option jugée crédible, réaliste et durable.
Reste un dernier détail, et non des moindres , la marmite de Tindouf. Dans les camps, l’ébullition est palpable, les séquestrés n’ayant que trop attendu la fin d’un supplice qui dure depuis un demi-siècle. L’état-major séparatiste, dépassé, tente de colmater les fissures d’un barrage idéologique qui cède de partout. Mais comment contenir une population qui voit poindre, enfin, la possibilité d’une vie normale, loin des mirages et des slogans ?
En politique, on appelle cela une sortie par la petite porte. En satire, on résume d’une phrase , quand la révolution tourne en rond trop longtemps, elle finit toujours par s’épuiser.