Aziz Akhannouch : des promesses XXL pour un quotidien taille réduite

Pars Bouchaib El Bazi

Bruxelles – Les discours du chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, ressemblent à s’y méprendre à des publicités pour l’huile de table haut de gamme , un emballage brillant, des slogans léchés, mais un goût final… amer. Arrivé au pouvoir sur la base de promesses électorales luxueuses – emploi des jeunes, baisse des prix, amélioration de la santé et de l’éducation – il se retrouve aujourd’hui face à un bilan qui peine à convaincre même ses partisans les plus fidèles, et encore moins les millions de Marocains confrontés au coût de la vie et au blocage des horizons.

Un gouvernement de “l’action”… seulement sur le papier

Akhannouch aime qualifier son équipe de “gouvernement de l’action et du concret”. La réalité, elle, dément cette accroche marketing : flambée historique des prix, chômage persistant, fractures sociales qui s’élargissent comme les fissures des maisons du Haouz après le séisme. Pour le citoyen ordinaire, les programmes sociaux vantés se réduisent à des communiqués de presse recyclés et à des séances photo en costume-cravate.

Le RNI, parti des promesses lourdes

Lors des élections de 2021, le Rassemblement national des indépendants (RNI) a brandi des engagements démesurés , 250 000 emplois par an, couverture santé universelle, revenu garanti pour les familles modestes… Trois ans plus tard, la réalité est moins flamboyante , ces promesses dorment dans les tiroirs de la communication politique. Le citoyen, lui, n’a vu que des “réunions ministérielles”, des “plans d’action initiaux” ou encore des distributions de bétail et d’orge, comme si le développement se limitait à des sacs de fourrage.

Agriculture d’exportation, soif locale

Homme d’affaires agricole avant d’être chef du gouvernement, Akhannouch persiste à défendre un modèle d’exportation vorace en eau , tomates et avocats destinés aux supermarchés européens. Pendant ce temps, des villages entiers dépendent encore de camions-citernes pour boire. L’image est brutale , des champs verdoyants pour l’exportation face à des foyers assoiffés dans l’Atlas. Une métaphore parfaite d’un gouvernement qui considère ses citoyens comme de simples chiffres électoraux.

Promesses luxueuses, réalité austère

La vie chère continue, le chômage stagne, les inégalités sociales s’accentuent, tandis que le temps politique s’épuise à polir l’image du gouvernement et à préparer déjà les élections de 2026. Akhannouch assure que son équipe est “la meilleure que le Maroc ait jamais connue”, mais les portefeuilles des citoyens racontent une autre vérité , aucune avancée sur le coût de la vie, aucune percée sur l’emploi, aucune réponse aux priorités nationales.

Vers 2026 : mêmes visages, mêmes slogans

Le chef du gouvernement affirme sans trembler qu’il vise à “arriver en tête des prochaines élections”, comme si la mémoire collective était trop courte pour se rappeler la désillusion actuelle. Mais le climat populaire trahit autre chose , une perte de confiance généralisée envers les partis, un sarcasme face au langage de bois, et la conviction que les urnes changeront peu au quotidien marqué par l’inflation et le chômage.

Médias sur mesure et deals publicitaires

La responsabilité n’incombe pas uniquement à Akhannouch. Une partie de la presse et quelques influenceurs “stars” des réseaux sociaux ont activement participé à la mise en scène électorale. Articles complaisants, pages sponsorisées , le discours politique s’est transformé en campagne publicitaire pour les entreprises du chef du gouvernement, comme si l’avenir d’un pays se résumait à un slogan pour huile ou station-service. Ces relais médiatiques, qui ont monnayé l’intérêt national contre de juteux contrats publicitaires, ont largement contribué à repeindre en rose l’image du RNI, sachant pertinemment que la facture finale serait réglée par le citoyen… à la caisse des supermarchés plutôt qu’à l’urne.

Aziz Akhannouch est entré en politique en homme d’affaires rompu aux calculs commerciaux. Mais il a échoué dans l’équation la plus simple , transformer des promesses électorales en politiques concrètes. Son gouvernement ressemble à un produit de luxe soigneusement emballé , quand le citoyen l’ouvre, il ne trouve qu’un vide soigneusement conditionné dans une bouteille en plastique.

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