Sahara Marocain : Alger face à l’échéance d’octobre, entre inquiétudes et isolement diplomatique

Bouchaib El Bazi

À l’approche de la prochaine session du Conseil de sécurité des Nations unies, prévue en octobre et consacrée au dossier du Sahara, l’Algérie affiche des signes visibles d’inquiétude. Le communiqué publié récemment par le ministère algérien des Affaires étrangères, à l’occasion de la visite de l’envoyé spécial de l’ONU, Staffan de Mistura, illustre ce malaise croissant , Alger y insiste sur la nécessité que toutes les initiatives soient menées « sous l’égide exclusive des Nations unies ». Une formule qui, derrière sa neutralité apparente, traduit la crainte de voir les grandes capitales, au premier rang desquelles Washington et Paris, accélérer en coulisses la reconnaissance du plan d’autonomie proposé par le Maroc comme unique issue viable au conflit.

Une bataille de récits autour de la MINURSO

Plus révélateur encore , le texte diplomatique algérien met en avant la « centralité » de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO). Or, chacun sait que la perspective d’un référendum d’autodétermination est depuis longtemps abandonnée par la communauté internationale, en raison de son impossibilité pratique et des blocages récurrents qu’il a générés. Le Conseil de sécurité a, au fil des résolutions, recentré la mission de la MINURSO sur la surveillance du cessez-le-feu et l’appui au processus politique. Le rappel insistant d’Alger à l’option référendaire apparaît dès lors comme un anachronisme diplomatique, à rebours de l’évolution du dossier.

Une dynamique favorable au plan marocain

Ces crispations s’expliquent par une tendance lourde  , l’élargissement constant du soutien international au plan marocain d’autonomie, qualifié de « sérieux, crédible et réaliste » par plusieurs puissances. Les États-Unis, la France, l’Espagne, mais aussi de nombreux pays africains et arabes, considèrent désormais cette initiative comme la seule base de négociation pragmatique. Face à ce basculement, l’Algérie se retrouve isolée, prisonnière d’une ligne défensive qui ne convainc plus.

Octobre, un tournant décisif ?

Le Conseil de sécurité devrait, en octobre, non seulement renouveler le mandat de la MINURSO, mais aussi débattre de l’évolution du processus politique. Selon plusieurs sources diplomatiques, il n’est pas exclu que soit évoquée une redéfinition du rôle de la mission onusienne, afin de l’adapter au contexte actuel marqué par l’essor de la proposition marocaine. Pour Alger, un tel scénario représenterait un revers stratégique majeur, consacrant la marginalisation progressive de son discours sur l’autodétermination.

Une diplomatie sur la défensive

En insistant sur des options irréalistes, Alger semble surtout chercher à gagner du temps et à rassurer son opinion publique interne. Mais cette posture défensive souligne davantage son isolement diplomatique qu’elle ne renforce sa crédibilité sur la scène internationale. L’échéance d’octobre pourrait ainsi confirmer un tournant , la consolidation de l’autonomie comme solution de référence, et le recul définitif de l’option référendaire que l’Algérie s’obstine à brandir.

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