À Gaza, la tragédie se répète sans répit. Depuis l’annonce de l’élargissement des opérations militaires israéliennes, la ville vit au rythme de bombardements incessants et de déplacements massifs de population. Les habitants, acculés par la violence, errent à la recherche d’un abri éphémère, conscients que nulle part n’est réellement sûr. Dans les ruelles étroites, l’odeur de la poudre et de la mort se mêle à celle des incendies.
Un exode sous les bombes
Les images qui circulent sur les réseaux sociaux rappellent des scènes d’apocalypse. Des immeubles entiers s’effondrent sous les frappes, tandis que des familles fuient, enfants à bout de forces dans les bras. À l’ouest de la ville, déjà saturé de déplacés, des familles dorment à même le trottoir. « Nous avons quitté notre maison dans le quartier de Cheikh Radwane quand les chars sont arrivés. La nuit, nous n’avons vu que flammes et avions. Chaque minute, nous mourions de peur », raconte la femme d’un habitant réfugié dans la rue des Martyrs, près du port.

La pénurie de moyens de transport accentue la détresse. Louer un camion pour quitter Gaza est devenu un luxe inaccessible. « Attendre trois jours pour trouver une place, payer des sommes astronomiques, voilà la réalité du déplacement », témoigne Ahmad Mushtaha. Ceux qui n’ont pas d’argent se voient contraints de marcher des kilomètres, parfois sous les bombardements.
Le prix du départ
Quitter son foyer n’est pas seulement un arrachement symbolique , c’est aussi une traversée périlleuse. Les routes endommagées transforment des trajets de quelques kilomètres en expéditions interminables. Sur une camionnette bondée, Said Abdelwahid raconte avoir payé 1500 dollars pour transporter ses biens et ses proches , « La mort nous encerclait, les enfants n’avaient que du pain sec. »

Les témoignages de familles filmées en train de dire adieu à leurs maisons avant de fuir rappellent la profondeur de la fracture humaine. Une vieille femme embrassant la porte de son domicile avant de partir est devenue une image virale , le symbole d’une population contrainte de tourner le dos à son passé.
Des hôpitaux à l’agonie
Si les rues sont devenues des lieux de survie, les hôpitaux se transforment en scènes de cauchemar. Le centre Al-Chifa, principal établissement de Gaza, ressemble davantage à un champ de bataille qu’à une structure de soins. « Les couloirs débordent de blessés, certains sont allongés à même le sol. J’ai vu un homme hurler le nom de sa fiancée, tuée sous ses yeux, sans même sentir sa propre blessure », témoigne la journaliste Anssam Al-Sekka, elle-même victime d’un bombardement.

La pénurie de médicaments, l’absence de carburant pour les générateurs et l’arrivée continue de blessés plongent les médecins dans un désespoir palpable. « Les hôpitaux suffoquent », alerte le ministère de la Santé de Gaza, qui parle d’une situation « au bord de l’effondrement total ».
Une population piégée
« Il n’y a pas de lieu sûr à Gaza », a rappelé le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, décrivant des milliers de déplacés « errant vers l’inconnu ». Entre faim, soif, peur et bombes, la population vit dans un espace devenu prison à ciel ouvert. La vie quotidienne se résume à une suite de choix impossibles : rester et risquer la mort, ou fuir et mourir autrement.
L’urgence d’une réponse internationale
L’opération baptisée « Chariots de Gideon 2 », annoncée par le chef d’état-major israélien, intensifie la pression militaire. Mais au-delà du bruit des armes, c’est le silence diplomatique qui résonne. Chaque heure qui passe aggrave la catastrophe humanitaire et rend plus criante l’absence de solutions politiques.

Gaza, ville martyre et symbole d’un conflit enlisé, offre aujourd’hui l’image d’un désastre annoncé , une population abandonnée, une infrastructure anéantie et un avenir en suspens. L’histoire retiendra peut-être moins les bombes que l’indifférence d’un monde qui regarde sans agir.