Molenbeek rêve de 2030 : une candidature culturelle pour tourner la page des stéréotypes

Par Bouchaib El Bazi

Ce mercredi, la commune de Molenbeek a accueilli avec faste le jury européen venu évaluer sa candidature au titre de Capitale européenne de la culture 2030. Derrière les discours enthousiastes et les sourires officiels, l’événement traduit une ambition majeure , faire de Molenbeek non plus un symbole de marginalité et de fractures sociales, mais une vitrine culturelle capable de rayonner à l’échelle européenne.

Une union politique inhabituelle

La scène politique bruxelloise, souvent fragmentée, s’est offerte un rare moment d’unité. Du PS au MR, du PTB aux Engagés, en passant par Écolo, Vooruit, Groen, CD&V ou encore VLD, tous les partis ont rangé les divergences pour soutenir la candidature. Cette mobilisation, élargie aux ministres régionaux, au ministre-président Rudi Vervoort, aux bourgmestres de plusieurs communes voisines ainsi qu’aux partenaires de Charleroi et Malines, a donné l’image d’un front uni face à l’Europe.

Un projet culturel, mais aussi politique

Si le projet Molenbeek2030 se veut avant tout culturel, il porte en réalité une charge politique considérable. Depuis plusieurs années, la commune tente de se défaire d’une réputation forgée à coups de clichés , terreau du radicalisme, ghetto de pauvreté, symbole d’échec de l’intégration. Or, ce label européen, s’il était obtenu, représenterait une revanche inédite. « La culture comme outil de transformation urbaine et sociale », répètent les promoteurs du dossier, qui voient dans ce projet une occasion unique de réécrire l’histoire récente de la commune.

Un test pour Bruxelles et la Belgique

Molenbeek n’est pas seule dans cette aventure , Bruxelles elle-même, et au-delà la Belgique, se trouvent sur le banc d’essai. La capitale, siège d’institutions internationales, doit montrer qu’elle est capable d’inclure ses périphéries fragilisées dans un récit commun. Pour de nombreux observateurs, la réussite de Molenbeek dans ce dossier constituerait un signal fort pour l’ensemble de l’Europe , celui d’une ville qui refuse d’être réduite à ses blessures et choisit la culture comme levier de résilience.

Verdict attendu le 24 septembre

Dans les coulisses, chacun sait pourtant que l’issue reste incertaine. Le 24 septembre, le jury européen rendra son verdict. Pour Molenbeek, ce sera soit le début d’une aventure exaltante, soit une déception lourde de conséquences. Car au-delà de l’image, d’importants financements et des partenariats internationaux sont en jeu.

Quoi qu’il en soit, l’unanimisme affiché ce mercredi aura marqué les esprits. À Molenbeek, au moins pour un jour, les divisions politiques ont cédé la place à un rêve partagé , celui de voir, en 2030, les rues de la commune se transformer en scène européenne.

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