Le cinéma marocain à Bruxelles : entre diplomatie culturelle et quête identitaire
Bouchaib El Bazi
Dans une initiative révélatrice du rôle croissant de la culture marocaine sur la scène européenne, le Consul général du Royaume du Maroc à Bruxelles, Hassan Touri, a accueilli une rencontre-débat intitulée « Le cinéma marocain à l’ère du Fantastique ».
L’événement, qui a mis en lumière le réalisateur Anouar Moatassim et son film inédit « ATOMAN », dépasse le cadre purement artistique pour s’inscrire dans une stratégie plus large de rayonnement diplomatique.
Quand le cinéma devient instrument de diplomatie douce
Le choix d’organiser une telle manifestation au siège du Consulat n’est pas anodin. À Bruxelles, capitale politique de l’Union européenne, le Maroc affirme son identité culturelle tout en déployant une diplomatie douce, complémentaire à l’action politique traditionnelle. En mettant à l’honneur le cinéma, Rabat envoie un signal clair , la culture n’est plus un simple ornement, mais un outil stratégique de visibilité et d’influence.
« ATOMAN » : un héros marocain hors norme
Le film « ATOMAN », présenté comme une œuvre pionnière dans le registre du fantastique et du super-héroïsme, rompt avec l’image folklorique souvent associée au Maroc. Ici, l’imaginaire marocain se projette dans l’innovation, l’héroïsme et l’univers du fantastique, offrant au spectateur une vision alternative d’un Maroc moderne, créatif et ancré dans la mondialisation culturelle. Ce basculement vers le cinéma de genre traduit une volonté de renouveler le récit national et de conquérir de nouveaux publics, en particulier au sein de la diaspora marocaine et de la jeunesse européenne.
Une réponse aux stéréotypes
En s’aventurant sur le terrain du fantastique, le cinéma marocain cherche aussi à déconstruire les clichés persistants qui réduisent encore trop souvent le pays à ses paysages, à son folklore ou à ses traditions figées. « ATOMAN » illustre un Maroc qui assume son héritage, tout en le transposant dans une narration universelle capable de dialoguer avec Hollywood et Bollywood.
Plus qu’un film, un signal politique
Derrière la dimension artistique, l’événement revêt une portée politique indéniable. À l’heure où l’image des pays est façonnée autant par les films que par les communiqués diplomatiques, le Maroc investit dans le récit et l’imaginaire pour consolider sa place dans les esprits. Ce type d’initiative culturelle apparaît ainsi comme un levier stratégique dans une Europe où la bataille des représentations se fait de plus en plus cruciale.