Pékin – Le Maroc et la Chine ont signé une nouvelle convention établissant un mécanisme de dialogue stratégique entre leurs ministères des Affaires étrangères, marquant une avancée majeure dans le renforcement et la structuration de leurs relations diplomatiques.
Cette signature, intervenue vendredi à Pékin lors de la visite du ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita, s’inscrit dans le prolongement du partenariat stratégique scellé en 2016 à l’occasion de la visite du roi Mohammed VI en Chine. L’accord a été paraphé par M. Bourita et son homologue chinois Wang Yi.
Un cadre institutionnel régulier
Selon le communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères, cette nouvelle mécanique de dialogue vise à « restructurer les échanges de haut niveau entre les deux pays sur la base de la confiance, de la compréhension et du respect mutuels ».
Pour les observateurs, la portée de l’accord dépasse la simple ouverture d’un canal diplomatique supplémentaire. Il s’agit d’un tournant qualitatif, destiné à institutionnaliser un cadre de concertation régulier et méthodique, permettant non seulement le suivi et l’évaluation des projets bilatéraux, mais aussi la coordination sur des enjeux régionaux et internationaux.
Diversification des partenariats marocains
L’accord illustre la volonté du Maroc de diversifier ses partenariats extérieurs, au-delà de ses alliés européens traditionnels. Rabat voit en Pékin une puissance économique montante, dotée d’une influence mondiale, susceptible d’accompagner son développement économique, technologique et industriel.
En retour, la Chine considère le Maroc comme un partenaire stable et fiable, disposant d’un positionnement géostratégique unique entre l’Europe et l’Afrique, d’infrastructures modernes et d’une administration efficace. Ces atouts placent le Royaume comme point d’ancrage des ambitions chinoises en Afrique, notamment dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route ».
Un partenariat en pleine croissance
Les chiffres confirment cette dynamique : selon le ministre marocain de l’Industrie Ryad Mezzour, le commerce bilatéral a enregistré une hausse de plus de 50 %, atteignant 7,6 milliards de dollars en 2022. La Chine est désormais le troisième partenaire commercial du Maroc et son premier partenaire en Asie.
Les investissements chinois au Maroc se sont élevés à 56 millions de dollars en 2022, concentrés principalement dans l’industrie (52 %), le transport, l’immobilier, l’énergie et les mines. Plus de 80 projets conjoints ou à capitaux chinois sont actuellement en cours de réalisation sur le territoire marocain, selon le ministère des Affaires étrangères.
Un axe stratégique en expansion
Au-delà de l’économie, cet accord confère aux relations maroco-chinoises une dimension géopolitique accrue. Dans un contexte international marqué par de rapides recompositions des rapports de force, la mise en place d’un dialogue stratégique régulier permet aux deux pays de défendre des intérêts communs et d’explorer des synergies sur des dossiers régionaux et multilatéraux.
En se dotant d’un tel cadre, Rabat et Pékin entendent consolider une coopération durable, mieux structurée et tournée vers l’avenir, confirmant la place croissante du Maroc dans la diplomatie asiatique et le rôle de la Chine comme partenaire incontournable dans le développement du Royaume.