Bruxelles sous tension : insécurité, récupération politique et tentation militaire
Intisar Azmizam
Les fusillades à répétition dans plusieurs communes bruxelloises inquiètent, interpellent et laissent planer une ombre lourde sur l’avenir sécuritaire de la capitale européenne. Pourtant, malgré la gravité des faits, un constat glaçant demeure , aucune interpellation majeure n’a été enregistrée, comme si ces coups de feu anonymes échappaient à toute emprise policière.
La récupération politique, terrain glissant
Face à cette montée de la violence, la droite et l’extrême droite n’ont pas tardé à occuper le terrain médiatique. Leur solution ? l’armée dans les rues. Une proposition présentée comme un gage de sécurité, mais qui soulève de nombreuses inquiétudes quant à ses véritables objectifs. Car derrière cette surenchère sécuritaire, se dessine une instrumentalisation politique de la peur, une méthode classique pour renforcer un agenda autoritaire.
L’utilisation de l’insécurité pour légitimer une présence militaire accrue n’est pas une théorie nouvelle , c’est une mécanique classique de la “politique de la peur”. On fait croire que l’ennemi est dehors (le dealer, le migrant, le “quartier” dangereux), mais dans les faits, cela prépare aussi la répression des colères sociales.
On l’a vu dans l’histoire , l’armée dans les rues sert rarement à protéger les citoyens, mais plutôt à protéger le système contre les citoyens quand ceux-ci se révoltent.
Le choix des armes contre le choix du social
Le paradoxe est frappant , au moment même où le gouvernement de coalition « Arizona » discute d’achats massifs de matériel militaire, les coupes budgétaires se multiplient dans les secteurs vitaux : santé, retraites, éducation. Pire encore, la pression s’intensifie sur les chômeurs, menacés d’expulsions et de sanctions renforcées. Le déséquilibre budgétaire révèle une priorité assumée , l’armement avant la cohésion sociale.
Or, l’histoire récente l’enseigne , fragiliser les piliers sociaux d’un pays, tout en militarisant son espace public, c’est nourrir une poudrière. La colère populaire pourrait bien dépasser le stade des manifestations pour se transformer en une révolte ouverte, voire en un conflit civil larvé.
Une stratégie préméditée ?
Imaginer que les fusillades soient orchestrées ou instrumentalisées par des acteurs liés à l’armée ou à l’État pour justifier les budgets militaires. C’est une lecture qui peut sembler extrême, mais elle pointe une vraie question , à qui profite le chaos ?
Même sans aller jusqu’à accuser directement l’armée, on peut constater que ce climat de peur tombe “bien” pour ceux qui veulent justifier une militarisation accrue.
À Bruxelles, les fusillades se multiplient…
La droite propose quoi ? Des militaires dans nos rues.
Mais l’armée ne stoppera pas le trafic.
Elle servira demain à faire taire la colère sociale.
Des milliards pour les tanks, zéro pour les écoles, la santé, les pensions.
C’est ça leur “sécurité” ?
La vraie sécurité, c’est une jeunesse qui a des perspectives, des familles qui ont un toit, des travailleurs respectés.
Qu’on ne s’y trompe pas , l’armée n’est pas là pour protéger le peuple, mais pour le contrôler.
Entre sécurité et démocratie
Si ces interrogations paraissent excessives à certains, elles traduisent néanmoins une inquiétude profonde , celle d’une société où la sécurité devient prétexte à restreindre les libertés, où l’armée s’installe durablement dans l’espace civil, et où la gestion des colères sociales se fait à coups de blindés plutôt qu’à travers le dialogue politique.
La Belgique, et Bruxelles en particulier, se trouve donc à la croisée des chemins , renforcer la sécurité sans sombrer dans la dérive autoritaire, protéger les citoyens sans sacrifier la démocratie. Une équation complexe, mais vitale pour éviter que la capitale de l’Europe ne devienne le laboratoire d’un nouveau modèle de gouvernance où la peur dicterait la loi.