Le Maroc, modèle d’une gouvernance humaniste et réaliste des migrations

Rim El Mdaghri

Dans un contexte mondial marqué par une complexité sans précédent dans la gestion des migrations, le Maroc a choisi de présenter son expérience comme un modèle fondé sur une vision royale claire, alliant dimension humaine et approche pragmatique. Lors d’un dialogue stratégique de haut niveau tenu en marge de la 80ᵉ Assemblée générale des Nations unies à New York, Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, a rappelé que le Royaume suit un cap cohérent, guidé par les orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, reconnu par l’Union africaine comme Leader sur la question migratoire.

Des initiatives pionnières à portée continentale

Le ministre a mis en avant les jalons majeurs qui ont consolidé la position du Maroc en tant qu’acteur central , l’Agenda africain pour la migration, adopté par l’Union africaine comme cadre continental de référence ; l’Observatoire africain des migrations, basé à Rabat, qui fournit des données précieuses pour des politiques publiques fondées sur des preuves ; sans oublier l’engagement du Royaume dans la mise en œuvre du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, adopté à Marrakech en 2018. À cela s’ajoute la coopération étroite et exemplaire avec l’Organisation internationale pour les migrations, qui dure depuis plus de vingt ans.

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Une approche intégrée : pays d’origine, de transit et d’accueil

Selon Bourita, le Maroc, à la fois pays d’origine, de transit et de destination, possède une compréhension fine de la complexité migratoire. De cette position singulière découle une approche fondée sur la solidarité, la responsabilité partagée et des solutions innovantes, loin des discours simplistes réduisant la migration à sa seule dimension sécuritaire.

Coopération internationale : le modèle maroco-espagnol

Parmi les exemples concrets, le ministre a cité le partenariat maroco-espagnol en matière de gestion migratoire, qui illustre une approche pragmatique et efficace, basée sur la coordination et la confiance. Il a également plaidé pour la mise en avant du rôle des « pays champions » du Pacte mondial, afin d’accélérer sa mise en œuvre sur le terrain.

Trois paradoxes majeurs

Dans son analyse, Bourita a identifié trois paradoxes qui marquent aujourd’hui le débat mondial sur la migration :

  1. Une thématique trop souvent politisée et réduite à des slogans électoraux, alors que les migrants représentent une force économique et sociale essentielle.
  2. Un système multilatéral censé accompagner les États, mais fragilisé par l’écart entre l’ampleur de son mandat et les ressources limitées dont il dispose.
  3. Le risque que la prochaine conférence d’examen du Pacte mondial ne se transforme en simple exercice procédural, au lieu d’être une opportunité réelle pour renforcer la gouvernance collective.

Vers une gouvernance internationale efficace

Le ministre n’a pas seulement dressé un constat : il a proposé des pistes d’action concrètes, telles que la mise en place d’un réseau interconnecté d’observatoires migratoires, la valorisation des expériences réussies, une mobilisation accrue des ressources, et surtout l’instauration d’une responsabilité collective pour transformer la migration en levier de dialogue, de solidarité et de développement partagé.

À travers cette intervention, le Maroc réaffirme sa place comme voix crédible et influente sur la scène africaine et internationale en matière migratoire. Son modèle, centré sur l’humain et porteur de solutions pragmatiques, s’impose comme une référence à l’heure où la communauté internationale cherche à bâtir une coopération plus équilibrée et plus juste.

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