Sahara : le Polisario et l’Algérie, entre rhétorique fossilée et débandade diplomatique

Bouchaib El Bazi

Le Front Polisario, soutenu par une Algérie visiblement dépassée par ses propres crises, persiste à agiter le spectre de l’autodétermination comme seule issue pour le Sahara, ignorant superbement les réalités diplomatiques et régionales. À Tindouf, le temps semble s’être arrêté , Brahim Ghali, lors d’une rencontre avec Staffan De Mistura, envoyé personnel de l’ONU pour le Sahara, réitère inlassablement que « toute solution ne respectant pas la volonté du peuple sahraoui est totalement rejetée ». Pour lui, seul un référendum d’autodétermination – fantasme figé depuis des décennies – peut clore ce prétendu processus de décolonisation.

Cette obstination fait sourire les observateurs internationaux , depuis la résolution 1754 (2007), le Conseil de sécurité a qualifié « sérieuse et crédible » l’initiative marocaine d’autonomie. Les résolutions suivantes – 2602 (2021), 2654 (2022), 2703 (2023) et 2750 (2024) – ne mentionnent jamais le fameux référendum, validant au contraire une « solution politique, réaliste, pragmatique et durable ». En continuant à réclamer un mécanisme que l’ONU considère comme inapplicable, le Polisario semble prisonnier de sa propre machine à remonter le temps.

Pendant ce temps, le Maroc consolide son influence internationale , reconnaissance de sa souveraineté par les États-Unis (2020), soutien explicite de l’Espagne (2022) et de l’Allemagne, suivi par plusieurs pays européens, africains et arabes. Sur le terrain, plus d’une trentaine de consulats à Laâyoune et Dakhla témoignent du basculement diplomatique en faveur de la marocanité du Sahara. Le Polisario, lui, reste accroché à ses illusions.

L’Algérie, sponsor historique du mouvement séparatiste, n’a guère de quoi pavoiser. Entre hydrocarbures volatils, inflation galopante, chute des investissements et contestation sociale, le régime chancelle. La fuite d’Abdelkader Haddad, ex-patron de la DGSI, a même provoqué un séisme au sommet de l’appareil sécuritaire. Dans ce contexte, le soutien au Polisario n’est rien d’autre qu’un exutoire pour détourner l’attention de la population et entretenir une posture de confrontation avec le Maroc. Mais la manœuvre se retourne contre Alger, accentuant son isolement au Maghreb et sa perte d’influence au sein de l’Union africaine.

Brahim Ghali avertit du « grave danger » qu’une solution non conforme à ses exigences représenterait pour la stabilité régionale. Ironie du sort , les vrais foyers d’instabilité se trouvent dans les camps de Tindouf, où des milliers de personnes vivent dans des conditions précaires, exposées à l’endoctrinement, aux trafics et aux risques de radicalisation. Le Polisario, loin d’être un facteur de paix, alimente une zone grise qui inquiète partenaires internationaux et observateurs de la sécurité régionale.

Staffan De Mistura, chargé de relancer un processus gelé, se heurte à l’intransigeance du Polisario. Les résolutions du Conseil de sécurité sont pourtant claires , il s’agit de trouver une solution pragmatique, réaliste et consensuelle. Le plan marocain d’autonomie répond parfaitement à ces critères, offrant aux provinces du Sud des infrastructures portuaires, industrielles, énergétiques et un ancrage dans l’axe Atlantique-Afrique. Pendant ce temps, le Polisario, accroché aux subsides algériens et à un récit obsolète, reste immobile.

En persistant à clamer que « l’unique voie demeure l’autodétermination », le Polisario ne défend plus un principe , il défend sa survie, alimentée par un voisin en déclin. Entre rhétorique fossilisée et posture de survie, le mouvement séparatiste apparaît aujourd’hui comme un dinosaure diplomatique, obsédé par un passé qu’il n’arrive plus à rattraper.

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