Bâtiments consulaires marocains à l’abandon en Europe : incurie administrative ou gaspillage de l’argent public ?

Par Bouchaib El Bazi – 2 octobre 2025

Au cœur de Bruxelles, comme à Anvers, se dressent encore de vastes bâtiments qui furent jadis des symboles du rayonnement diplomatique marocain, avant de se transformer en coquilles vides, abandonnées depuis plus d’une décennie. Depuis 2011, l’ancien consulat marocain à  Bruxelles a fermé ses portes, laissant derrière lui une question lancinante , à quoi bon acquérir des immeubles valant plusieurs millions d’euros pour les laisser dépérir avec le temps ?

La communauté marocaine, l’une des plus importantes de Belgique, s’interroge aujourd’hui , comment est-il possible qu’un bien immobilier stratégique, situé dans l’une des capitales les plus influentes d’Europe, soit laissé à la poussière, aux murs fissurés et aux insectes, au lieu d’être transformé en projet culturel ou social qui profiterait aux Marocains résidant à l’étranger ?

Un vide de vision dans la gestion du patrimoine public

L’affaire met en lumière une faille profonde dans la gestion des biens de l’État à l’étranger. Alors que d’autres pays transforment leurs anciens consulats en centres culturels ou en espaces d’échanges, le Maroc semble, dans ce dossier, hésitant, voire incapable de trancher , faut-il vendre ces bâtiments ? Les reconvertir en structures utiles à la diaspora ? Ou bien les abandonner à la décrépitude ?

Cette absence de décision reflète, aux yeux de nombreux observateurs, un désintérêt flagrant pour les préoccupations de la communauté marocaine. On brandit souvent le slogan de “l’attention portée aux MRE” (Marocains résidant à l’étranger), mais dans la réalité, ces slogans se heurtent à une bureaucratie lente et à un silence officiel qui laisse pantois.

L’argent public laissé en friche

Il ne s’agit pas seulement de blocs de béton et de pierre, mais bien de fonds publics investis autrefois, qui auraient pu aujourd’hui devenir un levier pour l’image du Maroc à l’international. La valeur matérielle et symbolique de ces biens est indéniable. Les laisser se dégrader revient tout simplement à gaspiller l’argent des contribuables.

D’où la question qui s’impose , qui doit rendre des comptes ? Le ministère des Affaires étrangères, qui n’a pas statué sur le sort de ces édifices ? Le ministère des Finances, qui se contente de les comptabiliser comme de simples chiffres dans un registre ? Ou bien s’agit-il d’une responsabilité partagée entre institutions qui se renvoient le dossier sans jamais le résoudre ?

Qui prendra l’initiative ?

Face à cette inertie, un débat sérieux s’impose au Parlement, mais aussi au sein de la société civile et de la diaspora marocaine, qui doivent exercer une pression réelle sur les autorités compétentes. Car ces bâtiments laissés à l’abandon ne sont pas que des structures de béton , ils incarnent l’échec d’une politique publique incapable de valoriser son propre patrimoine.

Le maintien de ce statu quo ne signifie pas seulement des pertes financières, il envoie également un signal négatif à la diaspora , celui d’un désintérêt manifeste pour ses besoins et ses droits. Comment exiger des Marocains du monde qu’ils entretiennent un lien fort avec leur pays d’origine si les biens publics censés les représenter en Europe tombent en ruine sous leurs yeux ?

Le dossier ne peut plus être repoussé. Il est urgent de prendre une décision politique claire , vendre ces immeubles, les réhabiliter ou les transformer en centres au service de la diaspora et de l’image du Maroc. Mais les laisser en l’état, simples fantômes muets au cœur de l’Europe, ce serait là le comble de l’irresponsabilité.

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