Algérie : la Génération Z défie un régime barricadé dans la peur

Bouchaib El Bazi

L’Algérie s’est réveillée ce vendredi 3 octobre sous un dispositif sécuritaire digne d’un état de siège. Dans la capitale comme dans plusieurs autres villes, policiers anti-émeutes, gendarmes et unités de l’armée ont quadrillé les rues, selon des diplomates et des sources sécuritaires. Objectif , prévenir toute tentative de mobilisation lancée sur les réseaux sociaux par la jeunesse algérienne, réunie autour du mot-clé #GenZ213.

Dès les premiers regroupements spontanés, la répression s’est abattue , coups de matraque, arrestations musclées et dissuasion systématique. Une démonstration de force révélatrice d’un pouvoir qui semble ne survivre que par la peur.

Une mobilisation numérique inédite

Depuis une semaine, le hashtag GenZ213 circule massivement sur les réseaux algériens. Inspiré par des mouvements similaires observés au Maroc, à Madagascar ou encore en Amérique latine, il a rapidement fédéré une jeunesse frustrée et déterminée à faire entendre sa voix.

Les revendications sont limpides , mettre fin à une corruption endémique, sauver des services publics en ruine, offrir une issue au chômage de masse et stopper l’exode des jeunes talents. Autant de thèmes qui traduisent le désarroi d’une génération éduquée, connectée, mais privée de perspectives.

Le paradoxe algérien

Comment expliquer qu’un pays disposant de colossales rentes pétrolières et gazières peine à répondre aux aspirations élémentaires de sa jeunesse ? Les observateurs pointent du doigt une caste militaro-civile, incarnée par le chef d’état-major Saïd Chengriha et le président Abdelmadjid Tebboune, accusée de détourner les ressources, de verrouiller les institutions et d’étouffer toute contestation sociale.

« L’Algérie est prisonnière d’un système qui confond gouverner et réprimer », résume un analyste sous couvert d’anonymat.

Une génération sans peur

Le 3 octobre pourrait néanmoins marquer un tournant. Contrairement aux générations précédentes, la Génération Z algérienne n’a pas connu directement les années de plomb de la guerre civile, mais elle subit chaque jour les conséquences d’un régime à bout de souffle. Son message est clair : elle n’a plus peur.

Face à elle, un pouvoir vieillissant, enfermé dans une logique sécuritaire, apparaît de plus en plus décalé avec les attentes d’une société en mutation. « C’est une bataille entre l’avenir et un passé qui refuse de disparaître », confie un diplomate étranger basé à Alger.

En choisissant la matraque au lieu du dialogue, le régime algérien s’expose à renforcer la détermination d’une jeunesse qui ne demande qu’une chose , vivre dignement dans son propre pays. L’histoire retiendra peut-être ce vendredi d’octobre comme le moment où la Génération Z a cessé de subir pour commencer à agir.

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