Bruxelles en colère : la “casse sociale de l’Arizona” met la rue en ébullition
Bouchaib El Bazi
Près de 120.000 personnes étaient attendues ce lundi 14 octobre à Bruxelles, selon les syndicats, pour une vaste manifestation nationale contre les mesures décidées par le gouvernement fédéral dit “Arizona”. Dès 10h45, les premiers cortèges ont envahi les boulevards de la capitale, après une série de discours enflammés des représentants syndicaux et de la société civile.
Sous une pluie fine, le front commun FGTB-CSC-SLFP s’est montré uni comme rarement ces dernières années. À travers banderoles et slogans, un message clair , non à la “casse sociale de l’Arizona”. Les syndicats dénoncent un gouvernement fédéral qui, selon eux, s’attaque au modèle social belge sous couvert de réformes budgétaires.
Des réformes qui attisent la colère
Au cœur des revendications figure le controversé “bonus-malus pension”, un dispositif jugé punitif pour les travailleurs ayant des carrières hachées. S’ajoutent la réforme des pensions des fonctionnaires, des militaires et des conducteurs de train, ainsi que les nouvelles règles sur le travail de nuit, perçues comme un recul social.
Pour les syndicats, ces mesures traduisent une logique de rentabilité qui fragilise les plus vulnérables , “C’est toujours aux mêmes de payer la facture”, déplore un délégué de la CSC rencontré dans le cortège.
Mais la grogne ne se limite pas au fédéral. Les politiques régionales et communautaires, notamment en Fédération Wallonie-Bruxelles, sont elles aussi dans le viseur. Les plans d’économies imposés à l’enseignement et à la fonction publique provoquent un vif mécontentement. Enseignants, étudiants et agents publics dénoncent “des coupes budgétaires qui étranglent les services essentiels”.
Un malaise plus large que le conflit social
Au-delà des chiffres et des slogans, cette mobilisation traduit un malaise plus profond. La coalition “Arizona”, menée par Bart De Wever, peine à convaincre qu’elle agit au nom de l’équité. Les syndicats y voient une tentative de démantèlement progressif du compromis social belge.
Cette manifestation, l’une des plus importantes depuis plusieurs années, apparaît dès lors comme un test politique majeur pour le gouvernement, déjà fragilisé par les tensions internes entre partenaires de coalition.
Une journée de mobilisation sous haute tension
La mobilisation n’est pas sans conséquences sur les transports. D’importantes perturbations ont touché les réseaux de la STIB et du TEC, tandis que la SNCB a maintenu un service quasi normal afin de permettre aux manifestants de rejoindre la capitale.
Bruxelles, quadrillée par les forces de l’ordre, a vu se déployer un impressionnant dispositif de sécurité.
Un avertissement social avant les échéances électorales
À quelques mois des prochaines échéances électorales, le message des syndicats est sans équivoque , “L’Arizona ne passera pas sans résistance.”
Cette journée de mobilisation dépasse la simple contestation sectorielle. Elle reflète la crainte d’un tournant libéral assumé dans un pays historiquement attaché à la concertation sociale.
Pour le gouvernement De Wever, l’épreuve du 14 octobre sonne comme un rappel à la rue , la Belgique reste, plus que jamais, un pays où le dialogue social ne peut être remplacé par la logique comptable.