Lavrov ridiculise Alger : quand Moscou rappelle à Tebboune les limites de “l’amitié stratégique”

Par Bouchaib El Bazi – Analyse politique

À Moscou, ce lundi, la diplomatie algérienne a vécu l’un de ses plus grands moments de solitude. Lors d’une conférence de presse avec des journalistes arabes, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a infligé au régime d’Alger une leçon magistrale de géopolitique — et d’humilité. Devant les caméras, l’homme fort de la diplomatie du Kremlin a rappelé, sans hausser le ton, que la Russie n’avait ni intérêt ni obligation à cautionner les obsessions géopolitiques d’un régime en quête de reconnaissance régionale.

Quand la servilité se retourne contre le serviteur

Tout a commencé avec une question “préparée” par une journaliste de la chaîne publique algérienne AL24 News, la voix internationale de la présidence de la République. Avec un ton faussement critique, elle a accusé la Russie de “crimes contre des civils maliens” commis, selon elle, par des éléments du Corps africain, cette unité militaire qui a remplacé le groupe Wagner.

Mais Lavrov, fidèle à son flegme légendaire, a renvoyé la balle avec une ironie glaciale :

“Votre question est bien rédigée, et vous l’avez bien lue. Mais vous savez que notre armée n’agit jamais contre des civils. Si ceux qui vous ont demandé de poser cette question disposent de preuves, qu’ils les présentent.”

Traduction diplomatique , « Nous savons que ce texte vient directement d’Alger, et que vous n’êtes qu’un porte-voix ». En une phrase, Lavrov venait de désavouer publiquement le régime algérien, tout en exposant la nature téléguidée de ses médias.

Le coup de grâce : les frontières “artificielles” de l’Algérie

Le ministre russe ne s’est pas arrêté là. En évoquant les tensions entre Alger et Bamako, il a sorti une carte mentale de l’Afrique coloniale :

“Les conflits africains sont souvent liés aux frontières tracées par les puissances coloniales, qui ont séparé des peuples comme les Touaregs entre le nord du Mali et le sud de l’Algérie.”

Autrement dit , l’Algérie moderne est un héritage français surdimensionné, une création artificielle du colonisateur, élargie aux dépens de ses voisins. Une petite phrase qui a résonné comme un rappel brutal pour un régime qui se targue d’être l’héritier du “combat anticolonial”.

Silence radio à Alger

À Alger, la réaction a été… un silence gêné. Ni la présidence, ni le ministère des Affaires étrangères, ni même la télévision d’État n’ont osé commenter. Seul un député, président du groupe d’amitié parlementaire algéro-russe, a tenté un exercice d’équilibrisme verbal, affirmant “comprendre Lavrov tout en nuançant ses propos sur les frontières”. Un effort de gymnastique diplomatique qui aurait presque pu passer pour comique s’il n’était pas si pathétique.

De partenaire stratégique à bouc émissaire

Ce n’est pas la première fois que Moscou remet Alger à sa place. En août 2023 déjà, Lavrov avait expliqué sans détour pourquoi l’Algérie ne rejoindrait pas les BRICS :

“Elle ne possède ni le poids économique ni l’influence diplomatique nécessaires.”

Une gifle cinglante pour Tebboune, qui rêvait de s’afficher aux côtés de Pékin et New Delhi. Depuis, la relation entre Moscou et Alger s’est refroidie, malgré les visites répétées du général Chengriha, autoproclamé “pompier de la diplomatie”.

Mais visiblement, le feu continue de couver , ce qui devait être une amitié “anti-occidentale” se transforme peu à peu en relation de condescendance. La Russie vend des armes, certes, mais plus personne au Kremlin ne semble prendre au sérieux les gesticulations diplomatiques d’Alger.

Tebboune et la diplomatie du désarroi

Depuis son arrivée au pouvoir, Abdelmadjid Tebboune s’est illustré par une série de faux pas diplomatiques : promesses non tenues, contradictions publiques, et crises ouvertes avec la majorité de ses partenaires. Avec Moscou, le scénario est identique , excès de flatterie, puis incompréhension, puis humiliation.

Le résultat ? Une Algérie plus isolée que jamais, fâchée avec ses voisins, ignorée par ses alliés, et ridiculisée par ceux qu’elle croyait ses protecteurs.

Épilogue : le jour où Lavrov a dit tout haut ce que Moscou pense tout bas

Ce jour-là, à Moscou, Lavrov n’a pas simplement répondu à une question. Il a levé le voile sur un secret que tout le monde connaissait déjà , la “grande diplomatie algérienne” n’est qu’un théâtre de marionnettes où les fils sont tirés depuis El Mouradia.

Et quand les marionnettistes se trompent de scénario, le rideau tombe – sans applaudissements.

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