Le Polisario, de la propagande à la dérive armée : une stratégie d’escalade sous parrainage algérien et iranien

Rime Mdaghri

Sous la bannière de la Sahara Press Service (SPS) – organe officiel de propagande du Front Polisario et relais du régime militaire algérien – les communiqués se multiplient. Leur ton martial ne laisse aucune ambiguïté , le mouvement séparatiste revendique désormais, ouvertement, des attaques armées contre les Forces armées royales marocaines.

Cette rhétorique guerrière, qui s’intensifie depuis plusieurs mois, traduit une radicalisation idéologique et militaire du Polisario, en rupture totale avec les appels au dialogue lancés par les Nations unies et les États-Unis.

Une communication de guerre assumée

Le 8 octobre 2025, la SPS annonçait fièrement :

« Des unités de l’Armée populaire de libération sahraouie ont pris pour cible les bases des soldats de l’occupation dans le secteur de Mahbès, infligeant de lourdes pertes en vies humaines et en matériel. »

Un mois plus tôt, le 11 septembre, un communiqué similaire faisait état de bombardements présumés contre des positions marocaines dans les régions de Haouza et Guelta. Le 25 septembre, d’autres attaques étaient revendiquées dans le secteur de Farsiya.

Ces messages, largement diffusés sur les canaux officiels du mouvement, sont autant de mises en scène destinées à entretenir l’illusion d’un front actif. Pour de nombreux observateurs, cette glorification de la violence vise moins à obtenir des gains militaires qu’à maintenir une visibilité médiatique et à rallier la base militante des camps de Tindouf autour d’un discours belliqueux.

La militarisation croissante des camps de Tindouf

Depuis la rupture du cessez-le-feu en novembre 2020, les camps situés dans le sud-ouest de l’Algérie connaissent une remobilisation militaire sans précédent.

Un rapport confidentiel de la gendarmerie nationale algérienne, cité par des sources régionales, estime à plus de 7 000 le nombre de combattants formés, bénéficiant d’un soutien logistique et financier algérien, avec la participation d’instructeurs iraniens.

Des bases militaires algériennes proches des frontières mauritaniennes et maliennes serviraient de points de transit pour des trafics d’armes et de carburant, selon plusieurs rapports des services de renseignement occidentaux et africains.

Ces interconnexions entre les réseaux du Polisario et les groupes jihadistes opérant au Sahel suscitent une inquiétude croissante. Comme le résume un diplomate européen en poste à Nouakchott ,

« La frontière entre activisme séparatiste et activité terroriste est devenue floue. Certaines factions du Polisario cherchent à monnayer leur savoir-faire militaire contre des financements ou des ressources. »

Une stratégie orchestrée depuis Alger

Pour de nombreux analystes, cette stratégie d’escalade ne procède pas d’une initiative autonome du Polisario, mais bien d’une instrumentalisation directe par le régime algérien.

En armant, finançant et encadrant le mouvement, Alger cherche à déstabiliser la région et à entraver le processus politique mené par les Nations unies, soutenu notamment par Washington et plusieurs capitales européennes.

Un haut responsable onusien, cité sous couvert d’anonymat, évoque même une coordination souterraine avec Téhéran ,

« Derrière ces prétendues victoires militaires se cache une stratégie hybride, mêlant désinformation et ingérence. L’Algérie et l’Iran cherchent à maintenir une tension chronique pour saboter la stabilité régionale et propager l’influence du chiisme en Afrique du Nord et au Sahel. »

Tindouf : le désenchantement des jeunes Sahraouis

Au sein des camps, la contestation gronde. Plusieurs jeunes Sahraouis dénoncent la confiscation de l’aide humanitaire, la répression des opposants internes et la militarisation forcée de réfugiés africains.

Des voix locales commencent à réclamer un retour au dialogue politique, et non à la guerre permanente qui profite avant tout au pouvoir militaire algérien.

Un défi pour la communauté internationale

Face à ces dérives, une question s’impose , comment continuer à considérer le Polisario comme un interlocuteur politique crédible, alors qu’il revendique ouvertement des actions militaires et adopte une rhétorique quasi terroriste ?

Le maintien de ce double discours — pacifiste à New York, belliqueux à Tindouf — met à nu le paradoxe d’un mouvement qui, loin de représenter une cause de libération, s’érige désormais en facteur d’instabilité régionale.

La crise du Polisario n’est plus seulement un dossier du Sahara , elle est devenue un symptôme d’une alliance dangereuse entre militarisme, idéologie et ingérence étrangère, au détriment de la paix et du développement dans tout le Maghreb.

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