« L’indépendance de l’Algérie : une cause marocaine » — Quand l’histoire rétablit la vérité

Par Bouchaib El Bazi

Le nouveau film documentaire intitulé « L’indépendance de l’Algérie, une cause marocaine » (93 min), signé par le réalisateur Hassan El Bouharrouti, a été sélectionné pour la compétition officielle du Festival du Film de Tanger, prévu du 17 au 25 octobre 2025.

L’œuvre explore en profondeur le rôle du Maroc dans l’appui au processus d’indépendance de l’Algérie, à travers des témoignages historiques, des documents d’archives et des récits inédits.

Elle vise à mettre en lumière une période cruciale de l’histoire du Maghreb, tout en soulignant les liens de solidarité et de coopération qui ont uni les peuples marocain et algérien dans leur combat commun contre le colonialisme français.

De la fraternité à la discorde

Mais si la fraternité de jadis a résisté à la guerre, elle n’a pas survécu aux indépendances. À peine libérée, l’Algérie postcoloniale, sous la houlette de ses nouveaux dirigeants, adopta une posture de méfiance vis-à-vis du Maroc. L’épisode sanglant de la « guerre des sables » en 1963 vint briser net les espoirs d’un Maghreb uni.

Plus tard, la création et le soutien du Front Polisario par Alger, puis l’admission illégale de la pseudo-« RASD » à l’Organisation de l’Unité Africaine, achevèrent d’installer un mur politique et idéologique entre les deux nations sœurs.

Une injustice historique, souligne El Bouharrouti, car « le Maroc, hier protecteur et allié du peuple algérien, s’est vu transformé en ennemi par ceux-là mêmes qui avaient bénéficié de son aide ».

« J’exhorte les Marocains à préserver l’esprit de fraternité, de solidarité et de bon voisinage… » Discours royal du 30 juillet 2022

Une mémoire volontairement effacée

C’est une page méconnue, parfois volontairement gommée des manuels d’histoire algériens , celle du soutien décisif du Maroc à la guerre d’indépendance de son voisin de l’Est. Le documentaire « L’indépendance de l’Algérie , une cause marocaine », réalisé par Hassan El Bouharrouti, ambitionne justement de restaurer cette mémoire effacée et de rappeler l’engagement fraternel, politique et militaire du Royaume chérifien aux côtés du peuple algérien dans sa lutte contre le colonialisme français.

Bien avant 1962, alors que le Maghreb était encore sous domination étrangère, le Maroc indépendant de Mohammed V avait ouvert ses frontières, ses écoles, ses camps et ses réseaux diplomatiques au Front de Libération Nationale (FLN). Des dizaines de combattants algériens, traqués par l’armée française, trouvèrent refuge dans les villes marocaines. Des réunions stratégiques du FLN se tinrent à Oujda, Tétouan et Rabat, sous la bienveillance d’un souverain convaincu que la liberté de l’un ne pouvait s’accomplir sans la liberté de l’autre.

Un engagement royal et populaire

Le documentaire revient, archives et témoignages à l’appui, sur le rôle personnel joué par Feu Sa Majesté Mohammed V et son fils, le Prince héritier Hassan, dans la coordination des aides au FLN. L’appui du Maroc ne se limitait pas au champ symbolique , armes, financement, diplomatie et formation militaire furent mis à contribution. Certains soldats marocains rejoignirent même, de leur propre initiative, les rangs du FLN pour combattre dans les maquis algériens.

Ce soutien s’inscrivait dans une logique panafricaine plus large , le Maroc fut aussi le refuge et le partenaire de mouvements de libération d’Afrique australe — ANC, MPLA, FRELIMO, ou encore PAIGC. Une vision d’unité et de solidarité sud-sud qui fit du Royaume, dès les années 1950, un acteur incontournable du mouvement anticolonial.

La main tendue du Maroc

Depuis son accession au trône, Sa Majesté le Roi Mohammed VI n’a cessé de plaider pour une réconciliation sincère. Ses appels répétés à rouvrir les frontières et à relancer la construction du Grand Maghreb résonnent dans le vide, face à un régime algérien arc-bouté sur une doctrine de confrontation stérile.

Pourtant, au-delà des calculs politiques, le documentaire d’El Bouharrouti rappelle une vérité essentielle , le destin du Maroc et de l’Algérie demeure lié, historiquement, culturellement et spirituellement. Et si l’histoire a parfois été manipulée, elle garde la mémoire de ceux qui ont tendu la main au nom de la fraternité maghrébine.

En révélant les archives et les témoignages d’une solidarité enfouie, le documentaire « L’indépendance de l’Algérie , une cause marocaine » redonne sens à un passé partagé. L’histoire, écrit Hassan El Bouharrouti, « n’est pas une arme de propagande , elle est un miroir. Et ce miroir rappelle que, sans le Maroc, l’indépendance de l’Algérie aurait eu un tout autre visage. »

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