Washington pousse un projet de résolution historique ,l’autonomie marocaine, seule base réaliste pour résoudre le dossier du Sahara
Rime Mdaghri
C’est un tournant majeur dans le dossier du Sahara au sein des Nations unies. Les États-Unis ont soumis au Conseil de sécurité un projet de résolution qui consacre le plan d’autonomie présenté par le Maroc en 2007 comme « la base la plus sérieuse, crédible et réaliste » pour parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable.
En tant que pays porteur du dossier, Washington a distribué le texte aux membres permanents du Conseil, les invitant à reprendre les négociations sur la base du plan d’autonomie, considéré comme la seule voie pour clore un différend vieux de près d’un demi-siècle.
Un soutien américain sans ambiguïté
Le projet américain affirme que « l’autonomie véritable sous souveraineté marocaine constitue la solution la plus viable », rappelant le soutien déjà acté par le président Donald Trump à la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara.
Le texte appelle toutes les parties à s’engager « sans délai » dans des discussions fondées exclusivement sur ce cadre, et précise, dans sa cinquième clause, que les États-Unis se tiennent prêts à accueillir ces négociations. Washington se positionne ainsi non seulement comme un médiateur, mais comme l’architecte central du futur processus politique.
Masad Pauls : « On dit bien Sahara marocain, pas occidental »
Dans le même sillage, Masad Pauls, conseiller principal du président américain pour les affaires africaines, a déclaré lors d’une interview à la chaîne Al-Sharq que les États-Unis « ouvriront un consulat à Dakhla durant le second mandat de Donald Trump », précisant :
« Son nom est Sahara marocain, pas Sahara occidental. »
Il a salué le discours du Roi Mohammed VI à l’occasion de la Fête du Trône, le qualifiant de « déclaration historique », et soulignant la volonté américaine de coopérer avec toutes les parties, y compris l’Algérie, « avec laquelle les relations demeurent bonnes », a-t-il dit. Pauls a ajouté que Washington est plus optimiste que jamais quant à une issue politique définitive.
Une consécration diplomatique pour Rabat
Pour Mohamed Lkrini, professeur de relations internationales, cette initiative « traduit l’efficacité de la diplomatie marocaine et le repositionnement géopolitique du dossier à l’échelle mondiale ».
Interrogé par Al-Arab, il souligne que l’intégration du plan d’autonomie dans les futures résolutions du Conseil de sécurité « établira un nouveau paradigme », celui d’un cadre de négociation évolutif mais non réversible, où la souveraineté du Maroc ne sera jamais remise en question.
Lkrini estime que toute éventuelle modification du texte « ne concernera que des aspects techniques ou institutionnels susceptibles d’enrichir le projet », mais que le principe de la souveraineté marocaine restera inamovible.
L’ONU relance l’idée d’une table ronde avant fin 2025
Lors d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité tenue le 10 octobre, le médiateur onusien Staffan de Mistura a plaidé pour « une nouvelle série de négociations avant la fin de 2025 », fondée sur « le réalisme et le compromis ».
Il a invité le Maroc à développer davantage, par écrit, les détails de son plan d’autonomie.
Toutefois, l’Algérie et le mouvement séparatiste du Polisario continuent de rejeter toute reprise des tables rondes menées en 2018 et 2019 à Genève sous l’égide des Nations unies, illustrant leur refus persistant de toute approche pragmatique.
Une MINURSO prolongée, mais redéfinie
Fait notable , le projet américain propose de prolonger le mandat de la MINURSO jusqu’en janvier 2026, tout en incitant les parties à engager des négociations sans conditions préalables, sur la base du plan marocain, afin d’atteindre un accord avant la fin de ce mandat.
Le texte demande également au Secrétaire général de présenter des briefings réguliers au Conseil de sécurité, notamment six semaines après le renouvellement du mandat, puis avant son expiration, avec la possibilité de recommander la transformation ou la fin de la mission onusienne, selon les résultats obtenus.
Une nouvelle ère de réalisme diplomatique
Ce projet marque sans conteste le retour de Washington comme puissance motrice dans la résolution du différend saharien. En plaçant le plan marocain d’autonomie au cœur du dispositif onusien, les États-Unis entérinent une lecture réaliste du dossier, où la logique de souveraineté et de stabilité prime sur les illusions séparatistes.
Si la résolution est adoptée, elle scellera une réorientation stratégique du Conseil de sécurité en faveur d’un règlement définitif sous souveraineté marocaine.
Car dans le langage feutré de la diplomatie internationale, écrire “Sahara marocain” dans un texte onusien, c’est bien plus qu’une expression , c’est acte politique majeur, prélude à un nouveau chapitre où le réalisme diplomatique remplace le dogmatisme des décennies passées.