L’Association TAHARA rompt le silence : entre rumeurs de don royal et exigence de transparence
Bouchaib El Bazi
Dans un communiqué rendu public le 18 octobre 2025, l’Association TAHARA, basée à Champs-sur-Marne, a tenu à clarifier une information qui circulait depuis plusieurs années au sein de la communauté marocaine de France , celle d’un don royal exceptionnel de 500 000 euros, attribué par Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour soutenir les actions humanitaires de l’association en faveur du rapatriement et de l’inhumation de défunts marocains en situation de précarité.
Une rumeur née en 2022 et jamais officialisée
Selon le communiqué signé par son président, Samad Akrach, l’association aurait été informée en 2022, de manière non officielle, d’une initiative royale en ce sens. Aucune communication publique n’avait toutefois confirmé cette information, mais la perspective avait été accueillie « avec immense gratitude et profond respect » par l’équipe associative, en raison de la noblesse de la cause défendue.
Trois ans plus tard, TAHARA a jugé nécessaire de rétablir la vérité .
« L’Association n’a à ce jour reçu aucun montant, ni directement ni indirectement, en lien avec cette initiative évoquée », précise le communiqué, adressé notamment à l’ambassadrice du Maroc à Paris et à l’ensemble de la communauté marocaine.
Une mise au point pour contrer les “interprétations erronées”
Dans un ton mesuré mais ferme, le texte explique que cette clarification est dictée par un souci de transparence et de protection de l’intégrité morale de l’association, alors que certaines rumeurs ou malentendus auraient pu faire croire que l’aide royale avait déjà été versée.
L’association insiste ainsi sur le fait qu’elle ne bénéficie d’aucune subvention publique, ni d’un quelconque appui financier d’ambassades, de consulats ou d’institutions étatiques.
Ses activités – notamment le rapatriement des corps et l’inhumation des défunts isolés – reposent exclusivement sur les dons privés, collectés auprès de bienfaiteurs sensibles à la dignité des défunts et à la solidarité communautaire.
Une transparence revendiquée comme principe fondateur
Le communiqué souligne que la gestion financière de TAHARA est assurée par un expert-comptable et contrôlée par un commissaire aux comptes, ouverte à tout audit ou vérification des autorités compétentes.
Cette mention vise manifestement à préserver la confiance du public dans un contexte où certaines associations communautaires font l’objet de critiques quant à leur gestion ou leur opacité.
Entre gratitude royale et prudence institutionnelle
Tout en affirmant n’avoir reçu aucun financement, TAHARA réitère sa gratitude profonde envers le Souverain marocain, saluant « Son attention constante à la condition des défunts marocains à l’étranger et à la dignité humaine ».
La lettre conclut sur un ton empreint de respect et de piété . « Nos prières les plus respectueuses L’accompagnent. »
Cette formule témoigne de l’équilibre délicat que l’association tente de maintenir , exprimer sa loyauté et sa reconnaissance à l’égard du Roi, tout en préservant son indépendance et sa crédibilité associative sur le sol français.
Une affaire révélatrice de la complexité du lien communautaire
Au-delà du cas spécifique de TAHARA, cette communication met en lumière les enjeux financiers et symboliques qui entourent les associations marocaines de la diaspora.
Souvent perçues comme des relais humanitaires du Royaume, elles doivent composer entre la reconnaissance d’un soutien moral venu de Rabat et la rigueur imposée par le cadre associatif français, fondé sur la transparence et la séparation des pouvoirs publics et religieux.
En choisissant la voie de la clarté et de la communication ouverte, TAHARA envoie un signal fort , celui d’une structure qui revendique son autonomie tout en restant profondément attachée à la monarchie et à la cause des défunts marocains à l’étranger.