Bruxelles : l’erreur bleue — comment les électeurs du MR vont payer la note (avec le sourire, bien sûr)

Majdi Fatima Zahra

C’est l’histoire d’un peuple qui voulait du changement… et qui l’a eu.

En juin 2024, les électeurs bruxellois ont décidé, dans un élan de modernité teinté d’amnésie, de placer le Mouvement Réformateur (MR) en tête du scrutin régional.

Un an plus tard, la ville est sans gouvernement, les prix explosent, les loyers flambent, et l’air politique est devenu irrespirable.

Les Bruxellois voulaient « plus d’efficacité » ? Ils ont obtenu le vide administratif le plus efficace de l’histoire belge.

Le grand pari du libéralisme en vase clos

Les libéraux du MR avaient promis de « libérer l’énergie bruxelloise ».

Ils ne précisaient pas qu’il s’agissait de celle des générateurs d’urgence, faute de gouvernement pour signer les budgets.

Sous la houlette de David Leisterh, le MR s’est voulu le parti du sérieux et de la stabilité. Sauf que, dans la pratique, le sérieux s’est transformé en rigidité et la stabilité en paralysie.

À force de refuser tout compromis avec le PS, de bouder les écologistes, et de regarder de haut les partenaires flamands, le MR s’est retrouvé roi… sur un trône sans royaume.

On voulait la fin du « bazar bruxellois » ? On a désormais un bazar sans vendeur, sans caisse et sans responsable.

Quand le libéralisme tourne à la fable morale

Le MR a longtemps vendu le rêve d’un Bruxelles « dynamique, moderne, attractif ». Aujourd’hui, la ville attire surtout les huissiers et les promoteurs immobiliers.

Les libéraux voulaient « remettre les citoyens au centre » ; ils les ont surtout remis au centre de la facture.

Car pendant que le gouvernement régional reste en suspens, les factures, elles, continuent de tomber :

  • loyers en hausse de 7 % en un an,
  • tarifs de transports publics gelés, faute de décision,
  • projets de mobilité durable suspendus,
  • aides sociales en attente d’une signature qui n’arrive jamais.

les Bruxellois paient la note d’un dîner politique qui n’a même pas encore été servi.

Le MR, champion du “Ni-Ni”

David Leisterh avait fait campagne sur la “responsabilité” et le “dialogue”. Mais, depuis l’élection, son parti pratique surtout la politique du “ni-ni” :

  • ni alliance avec la gauche “irresponsable”,
  • ni compromis avec les Verts “idéologiques”,
  • ni ouverture vers les Flamands “trop communautaires”.

Bref, ni gouvernement, ni progrès, ni résultats.

Et comme le disait un vieux bruxellois, en sirotant une gueuze au comptoir . “Le MR, c’est comme la STIB , toujours à l’heure pour annoncer un retard.”

Les Bruxellois, victimes consentantes de leur propre illusion

Il faut reconnaître aux électeurs bruxellois une forme d’élégance dans la tragédie , ils sont complices de leur propre déception.

Ils ont voté pour le MR en pensant choisir la compétence, la rigueur, la modernité — sans réaliser qu’à Bruxelles, rigueur rime toujours avec lenteur, et modernité avec immobilisme.

Aujourd’hui, les plus lucides se mordent les doigts.

“On pensait voter pour un manager, on a élu un powerpoint”, soupire Fanny, enseignante à Ixelles.

“Moi j’ai voté MR pour que ça bouge”, raconte Jean-Marc, cadre à Etterbeek, “et maintenant je bouge… de facture en facture.”

Quand les idéaux coûtent cher

Le libéralisme bruxellois version 2025, c’est un peu comme une application de livraison en panne , le concept est séduisant, mais le résultat reste bloqué à l’écran d’accueil.

Et pendant que le MR rêve de leadership national, les Bruxellois découvrent le coût du rêve bleu , un gouvernement introuvable, des partenaires agacés, et une population qui commence à regretter d’avoir cru aux promesses de “gouverner autrement”.

Une leçon pour la démocratie bruxelloise

L’électeur libéral voulait un souffle nouveau :m, il a obtenu un courant d’air. Il voulait rompre avec les habitudes politiciennes , il les a figées.

Et comme souvent en Belgique, la morale de l’histoire est simple . “Quand on choisit le changement sans savoir vers quoi, on finit par ne plus bouger du tout.”

Alors oui, l’erreur bruxelloise coûtera cher.

Mais, comme le disent les optimistes  “au moins, ça fera tourner l’économie… des excuses”.

 

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