Le Maroc inaugure une nouvelle génération de développement territorial , de la planification conjoncturelle à la justice spatiale durable

Rime Mdaghri

Le Maroc entre dans une phase décisive de son parcours de développement. Le royaume adopte aujourd’hui une approche renouvelée de la planification territoriale, fondée sur une vision intégrée et inclusive qui dépasse la logique des programmes conjoncturels. Inspirée des deux derniers discours du roi Mohammed VI – à l’occasion de la Fête du Trône et de l’ouverture de l’année législative – cette stratégie structure désormais les grandes orientations du projet de loi de finances 2026, présenté dimanche en Conseil des ministres.

Une approche nouvelle fondée sur la cohérence territoriale

Ce nouveau modèle de développement territorial ne se limite pas à un simple rééquilibrage des investissements entre régions. Il s’agit d’une refonte en profondeur de la manière de concevoir le développement , partir des spécificités locales, renforcer la solidarité entre les territoires et garantir une convergence réelle des rythmes de croissance entre villes, campagnes, zones côtières et montagnes.

Le projet de loi de finances traduit cette philosophie en misant sur l’élaboration des programmes à travers une large concertation avec les acteurs territoriaux — conseils régionaux, élus, société civile et institutions locales — conformément à l’esprit de la régionalisation avancée.

Cette approche vise à générer des emplois durables pour les jeunes, à renforcer les secteurs de l’éducation et de la santé, et à valoriser les territoires les plus fragiles, notamment les zones de montagne, les oasis et les centres ruraux émergents.

De l’infrastructure à la gouvernance intégrée

Le développement au Maroc ne se réduit plus à la construction de routes ou d’hôpitaux. Il s’impose désormais comme un projet de société global, articulant économie, environnement, cohésion sociale et gouvernance.

La nouvelle stratégie privilégie une approche intégrée où chaque secteur devient interdépendant , l’éducation liée à l’emploi, la santé à la justice sociale, l’environnement à l’économie verte.

Le texte budgétaire 2026 met en avant des programmes prioritaires dans des domaines clés :

  • la santé, par le renforcement des infrastructures médicales et la généralisation de la couverture sociale ;
  • l’éducation, via la réforme des curricula et l’élargissement de l’offre scolaire ;
  • la gestion anticipée de l’eau, devenue vitale face au changement climatique ;
  • la réhabilitation territoriale, pour améliorer l’habitat et les infrastructures rurales ;
  • l’emploi et l’entrepreneuriat, en soutenant les PME et les jeunes porteurs de projets.

Gouvernance participative et transparence numérique

Le nouveau cap repose également sur une gouvernance ouverte et participative. Les citoyens seront associés au suivi et à l’évaluation des projets grâce à des plateformes numériques dédiées, garantissant transparence et redevabilité.

Les institutions constitutionnelles – le Conseil supérieur des comptes, l’Inspection générale des finances, l’Instance nationale de probité et le Conseil économique, social et environnemental – seront pleinement mobilisées pour assurer un contrôle rigoureux des politiques publiques.

Ce virage vers la démocratie participative marque une étape importante dans la consolidation d’un État moderne où le développement devient une responsabilité partagée.

La justice territoriale comme pilier de stabilité

Ce tournant stratégique n’est pas une simple correction de trajectoire, mais la construction d’un nouveau paradigme de développement. Après deux décennies d’importants chantiers – de l’Initiative nationale pour le développement humain aux grands projets d’infrastructure – le constat est clair , la croissance économique ne peut être durable sans équilibre territorial.

Le nouveau modèle marocain entend corriger les disparités entre régions. Dans le Sud, les efforts se concentrent sur la consolidation du développement dans les provinces du Sahara ; à l’Est, sur la dynamisation du commerce transfrontalier ; au Nord, sur le tourisme et les industries de transformation ; tandis qu’au Centre et dans le Souss, sur la valorisation des richesses agricoles et maritimes.

Vers un modèle marocain durable et inclusif

Ce changement profond illustre une prise de conscience nationale , la justice spatiale n’est plus un luxe politique, mais une condition de stabilité et de cohésion sociale.

En lançant une nouvelle génération de programmes territoriaux, le Maroc place le citoyen au cœur du développement et le territoire au centre de la décision publique. L’enjeu n’est plus seulement de créer de la croissance, mais de répartir équitablement les fruits du progrès, dans un cadre durable et transparent.

Sous la conduite du roi Mohammed VI, le royaume bâtit ainsi un modèle marocain singulier , un développement équilibré, participatif et ancré dans les réalités locales, où chaque région devient un acteur du progrès national.

 

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