Affaire Omar Kaouachi : la diaspora marocaine de France en ébullition
Les milieux associatifs marocains en France sont secoués depuis plusieurs semaines par une affaire retentissante. Le président de ce qui se présente comme « l’Association Monde des Marocains », Omar Kaouachi, a été interdit de quitter le territoire marocain à la suite d’une plainte collective déposée par plusieurs associations de la diaspora notamment Cœur méditerranéen, Transfert et compétences, l’Association des Jeunes Royaux et plusieurs autres structures . Ces dernières l’accusent de pratiques illégales et d’agissements portant atteinte à l’image de la communauté marocaine et des institutions du Royaume.
Des accusations lourdes : usurpation et collecte douteuse de fonds
Dans la plainte adressée aux autorités compétentes, dont l’ambassade du Maroc à Paris, les associations signataires emploient un ton ferme. Elles reprochent à Kaouachi des actes précis , usurpation d’identité, abus de pouvoir, collecte de dons de manière suspecte et comportement irrespectueux envers plusieurs membres de la communauté.
Le document souligne que le mis en cause se serait présenté à maintes reprises comme représentant officiel de la communauté marocaine en France, prétendant même bénéficier d’un mandat de la Fondation Mohammed VI des Œuvres Sociales pour désigner les comités de représentation de la diaspora. Or, les associations affirment qu’aucun mandat officiel ne lui a jamais été accordé.
Plus encore, Kaouachi aurait, selon les plaignants, exploité le nom et la symbolique de la monarchie ainsi que de certaines institutions nationales pour solliciter des fonds et s’exprimer en leur nom sans autorisation ni base légale. Une pratique jugée gravement préjudiciable à l’image de l’État marocain et de ses organes.
Dérives autoritaires et intimidations
Le dossier évoque également des témoignages relatant des comportements jugés « dictatoriaux », mêlant arrogance et menaces envers quiconque contestait son autorité ou remettait en question sa légitimité. Des zones d’ombre entourent par ailleurs la gestion financière des dons recueillis, que Kaouachi administrait personnellement sans transparence.
Les associations signataires estiment que de telles pratiques violent les principes fondamentaux du travail associatif et compromettent la relation de confiance entre l’État marocain et ses citoyens établis à l’étranger.
Une réaction rapide des autorités marocaines
Des sources bien informées confirment que les autorités marocaines ont réagi promptement au contenu de la plainte. Une enquête préliminaire a été ouverte, à la suite de laquelle une interdiction de quitter le territoire national a été prononcée à l’encontre d’Omar Kaouachi, en attendant la conclusion de la procédure judiciaire.
Cette décision s’inscrit dans la ligne de fermeté adoptée par les institutions marocaines face à toute personne portant atteinte à la réputation de la diaspora ou exploitant l’identité nationale à des fins personnelles.
Entre protection de l’image et restauration de la confiance
L’affaire a suscité un débat animé au sein des Marocains d’Europe. De nombreux acteurs associatifs ont salué l’intervention des autorités, estimant que le « nettoyage du champ associatif » des opportunistes constitue une étape essentielle pour préserver la crédibilité de la communauté marocaine auprès des institutions françaises et internationales.
Ils appellent à une refonte du cadre légal encadrant l’action associative marocaine à l’étranger, afin d’assurer plus de transparence, de responsabilisation et de respect de la dignité des citoyens marocains où qu’ils se trouvent.
Une crise révélatrice d’un dysfonctionnement plus profond
Toutefois, plusieurs observateurs du milieu associatif marocain en Europe considèrent que cette affaire met en lumière un problème plus structurel , la persistance d’un système de proximité avec le pouvoir qui accorde de la visibilité à des individus dénués de compétence et de légitimité, simplement parce qu’ils savent flatter ou se prévaloir d’une supposée représentativité.
Certains responsables, regrettent-ils, continuent d’utiliser ces figures opportunistes comme vitrine commode de la diplomatie sociale du Royaume, au détriment de véritables acteurs crédibles et engagés. Ainsi, ceux qui œuvrent dans l’ombre, avec sérieux et intégrité, restent marginalisés, tandis que les imposteurs prolifèrent.
Cette dérive alimente la défiance d’une partie de la diaspora envers ses institutions de référence et ternit l’image d’un tissu associatif pourtant riche et dynamique.
Vers une nécessaire refondation du champ associatif à l’étranger
Le cas Omar Kaouachi illustre, une fois de plus, la sensibilité de la question de la représentativité de la diaspora marocaine et la nécessité de distinguer entre engagement citoyen sincère et instrumentalisation personnelle du prestige national.
L’enquête en cours marque, selon plusieurs observateurs, une étape cruciale vers la réhabilitation du rôle du tissu associatif marocain à l’étranger et la consolidation du principe de corrélation entre responsabilité et reddition de comptes.