L’Algérie pousse le Polisario en première ligne : la panique avant le verdict du Conseil de sécurité
Rime Mdaghri
À quelques jours du vote décisif du Conseil de sécurité sur la question du Sahara marocain, Alger tente désespérément de brouiller les pistes. En incitant le Front Polisario à adresser au Secrétaire général des Nations unies un prétendu « projet élargi », puis en déroulant le tapis rouge à ses représentants pour en présenter la « substance » à Alger, le régime cherche à masquer son inquiétude croissante. Cette manœuvre n’est pas un signe d’ouverture, mais la traduction d’une angoisse politique bien réelle, à mesure que se précise l’idée que le plan d’autonomie marocain sera, cette fois, consacré comme la seule base crédible, sérieuse et réaliste de règlement du différend.
Un « projet élargi » sans contenu réel
Le 20 octobre, sous la pression directe du pouvoir algérien, le Polisario a adressé une lettre au Secrétaire général de l’ONU, évoquant un « accord politique mutuellement acceptable garantissant le droit à l’autodétermination ». Derrière cette rhétorique creuse, aucun élément nouveau , seulement quelques formules vagues sur la « volonté de partager le coût de la paix ». La précipitation avec laquelle ce document a été transmis, à dix jours du vote onusien, trahit moins une initiative diplomatique qu’un réflexe de panique.
En réalité, cette communication, calibrée par Alger, visait à brouiller la dynamique internationale qui s’oriente de plus en plus vers l’appui explicite du plan d’autonomie marocain. Mais à force de bricoler une « contre-proposition » improvisée, le régime algérien ne fait que s’enfoncer dans ses contradictions. Ce geste maladroit illustre une fois de plus la stratégie favorite d’Alger : le refus obstiné, l’entêtement politique et la fuite en avant.
Quand un provocateur se rêve diplomate
Deux jours plus tard, le 22 octobre, la capitale algérienne accueillait une conférence de presse du représentant du Polisario, Mohamed Yeslem Beissat, autoproclamé « ministre des Affaires étrangères et africaines » de la soi-disant « RASD ». Connu pour ses excès verbaux et ses postures théâtrales, Beissat a livré un numéro d’improvisation diplomatique d’un comique involontaire.
Ce même personnage s’était déjà illustré à Pretoria, en décembre 2022, lors d’une réunion du Parlement africain, par une sortie insultante et incohérente contre le Maroc, avant d’être sèchement remis à sa place par l’ambassadeur marocain, Mohamed Arouchi, qui l’avait qualifié de « mercenaire au service d’un projet sans avenir ». Fidèle à sa réputation, Beissat a récidivé à Alger, oscillant entre invectives et maladresses, allant jusqu’à suggérer, à la surprise générale, que le « projet élargi » pourrait inclure une option d’« intégration au Maroc ».
Cette phrase, rapidement effacée des dépêches de l’agence officielle APS, traduit un trouble profond. Beissat, visiblement mal à l’aise, a fini par bredouiller : « Si le Maroc est attaché à son initiative, qu’il la présente comme une option parmi d’autres, mais pas comme la seule ». L’homme semblait ignorer qu’il venait, par cette phrase, d’admettre implicitement la légitimité du plan d’autonomie.
Washington fixe le cap
Selon plusieurs sources diplomatiques à New York, le projet de résolution préparé par les États-Unis réaffirme que le plan d’autonomie marocain constitue la base la plus sérieuse et crédible pour parvenir à une solution politique réaliste et durable. Le texte appelle à relancer « sans délai » les discussions entre le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Polisario, sur la base exclusive de cette proposition.
Washington, qui assume désormais un rôle moteur dans le dossier, aurait même proposé d’accueillir les prochaines négociations, confirmant l’implication directe du président américain et la continuité de la position américaine depuis 2020. Ce projet de résolution évoque, selon des sources concordantes, la perspective d’un accord de paix dans les soixante jours suivant le vote du Conseil, une échéance qui met Alger sous pression.
Le slogan du refus comme dernier refuge
Face à cette réalité, Alger retombe dans sa liturgie habituelle. Le président Abdelmadjid Tebboune a répété le 9 octobre que l’Algérie « ne renoncera jamais à soutenir le peuple sahraoui » et qu’« aucune solution imposée ne sera acceptée ». Ce discours, aux accents bravaches, ne cache plus la fébrilité d’un pouvoir conscient que son projet se délite. Chaque nouvelle reconnaissance internationale de la souveraineté marocaine sur le Sahara rend le déni algérien plus intenable.
Quant à Beissat, il a tenté d’enrober son message de formules sur « la paix authentique » et « le refus des ingérences étrangères », avant de s’en prendre au reste du monde, accusant la communauté internationale de « favoriser une partie au détriment d’une autre ». Sa rhétorique, saturée de ressentiment, trahit une profonde amertume , celle d’un camp qui sait avoir perdu la bataille des idées, des faits et du droit.
L’Algérie face à sa responsabilité historique
L’essentiel est ailleurs. Le prochain vote du Conseil de sécurité consacrera, selon toute probabilité, la fin d’une fiction diplomatique vieille de près d’un demi-siècle. La communauté internationale reconnaît désormais que l’Algérie est le véritable protagoniste du conflit, et non un simple « État voisin ». Toute négociation sérieuse devra se tenir entre Rabat et Alger, le Polisario n’étant plus qu’un figurant sous tutelle.
Le temps presse. En persistant à nier l’évidence, le régime algérien risque de s’isoler davantage, alors que la dynamique mondiale s’oriente vers le soutien plein et entier à la souveraineté marocaine et à la stabilité régionale.
Les soixante jours évoqués dans les couloirs diplomatiques pourraient bien marquer une étape décisive , soit l’Algérie rejoint le train du réalisme politique, soit elle s’entête dans une voie sans issue. Le choix, cette fois, ne dépend plus du Polisario, mais de ses parrains à Alger.
Le monde avance. L’histoire, elle, ne s’écrit pas au son des slogans, mais dans la lucidité des décisions.