Tindouf, le camp des enfants volés : entre le joug du Polisario et la complicité de l’Algérie
Rime Mdaghri
Dans les confins désertiques de l’ouest algérien, sur un territoire où l’Algérie brandit un drapeau sans exercer une véritable souveraineté, des milliers de Sahraouis survivent depuis près d’un demi-siècle dans les camps de Tindouf. Ces enclaves de misère sont devenues le théâtre d’un paradoxe cruel , d’un côté, la détresse d’une population abandonnée ; de l’autre, le luxe insolent des dirigeants du Front Polisario, nourri par la rente gazière algérienne et la corruption organisée autour de l’aide humanitaire.
Un rapport onusien qui dévoile l’insoutenable réalité
Le dernier rapport du Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, sur le Sahara marocain, sonne une nouvelle fois l’alarme face à la situation préoccupante des droits humains dans les camps de Tindouf.
Le document met en cause les violations systématiques commises par le Polisario, avec la complicité du pays hôte, contre les civils maintenus sous contrôle.
Selon les informations de la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, les conditions de vie dans les camps demeurent « déplorables » , insécurité alimentaire, manque d’accès à la justice, restrictions à la liberté d’expression et de circulation. Les femmes et les enfants en sont les premières victimes, subissant intimidations, harcèlements et violences dans un climat de peur permanente.
Dans une lettre adressée à la Haut-Commissaire le 26 juin 2025, le Maroc a détaillé la liste des violations systématiques perpétrées dans ces camps , enrôlement d’enfants mineurs, détournement de l’aide humanitaire et absence d’un recensement crédible permettant de protéger les véritables réfugiés.
L’enfance volée , le crime silencieux du Polisario
La question du recrutement d’enfants soldats est devenue le symbole le plus tragique de la dérive du Polisario.
Devant la Quatrième Commission de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, Amanda Ditchianni, représentante de l’ONG International Rescue and Relief, a dénoncé la « militarisation effrayante » des enfants et des jeunes dans les camps de Tindouf, rappelant que ces pratiques « ne sont pas de simples allégations, mais des faits documentés ».
Elle a souligné que le Conseil des droits de l’homme, réuni à Genève lors de sa 60ᵉ session, a condamné ces violations, appelant à une enquête internationale indépendante.
Dans les faits, les mineurs sont envoyés dans des zones d’entraînement isolées, où ils reçoivent une formation militaire et un endoctrinement idéologique glorifiant la violence et le séparatisme – une mécanique de guerre qui dérobe à ces enfants leur avenir.
Des camps sous surveillance, sans voix ni justice
Les habitants des camps vivent sous un régime de contrôle étroit, où la moindre tentative de contestation est punie par la répression. Les forces du Polisario, épaulées par l’armée algérienne, interdisent toute liberté de mouvement , nul ne peut quitter les camps ou y revenir librement.
Les opposants à la direction du Polisario sont arrêtés, torturés ou réduits au silence. Les femmes, quant à elles, subissent des formes multiples de violence , exploitation sexuelle, mariages forcés, violences physiques et psychologiques.
Pourtant, Alger, en tant que pays hôte, a l’obligation légale – en vertu de la Convention de Genève sur les réfugiés – d’assurer la protection et les droits fondamentaux de ces civils. Or, son silence équivaut à un aveu de complicité.
Richesse pour les uns, misère pour les autres
Alors que les Sahraouis des camps manquent de nourriture et d’eau, les dirigeants du Polisario mènent grand train entre Alger, Madrid et Genève.
Les rapports du Bureau européen de lutte antifraude (OLAF) ont documenté le détournement massif de l’aide humanitaire européenne, facilitée par l’absence d’un recensement fiable. Les vivres censés nourrir les réfugiés sont revendues sur les marchés noirs du sud algérien ou servent à financer des réseaux de contrebande.
Les cadres du Polisario, eux, profitent de la générosité pétrolière d’Alger , villas, véhicules de luxe, comptes bancaires à l’étranger. Une oligarchie parasitaire s’est ainsi formée, transformant la souffrance des réfugiés en source de rente politique et économique.
Tindouf, zone de non-droit et carrefour du crime organisé
Au-delà de la tragédie humaine, Tindouf est devenue une zone grise où se croisent trafiquants, contrebandiers et groupes terroristes opérant dans le Sahel.
Des rapports sécuritaires évoquent l’implication de membres du Polisario dans le trafic d’armes, de drogue et de migrants, en collaboration avec des cellules liées à Al-Qaïda et au groupe État islamique.
Cette situation de vide souverain – entretenue par l’Algérie – transforme la région en foyer d’instabilité pour tout le Maghreb et le Sahel.
La responsabilité morale et juridique d’Alger
Face à ces dérives, la communauté internationale multiplie les appels pour permettre aux mécanismes onusiens d’accéder librement aux camps, afin de recenser la population, enquêter sur les violations et garantir la liberté de circulation.
Mais l’Algérie, qui abrite ces camps depuis 1975, refuse toute supervision internationale, violant ainsi ses engagements internationaux et se rendant de facto responsable des abus commis sur son territoire.
Tindouf, la honte sous le sable
À Tindouf, les enfants apprennent à manier les armes avant de savoir lire. Les femmes survivent dans la peur. Les réfugiés sont réduits au silence par ceux qui prétendent les représenter.
Pendant ce temps, les chefs du Polisario profitent du confort que leur offre le gaz algérien.
Ces camps, qui devaient être temporaires, sont devenus le symbole d’un échec collectif , celui d’une communauté internationale qui tolère l’enrôlement d’enfants et la misère organisée sur un sol où la loi s’arrête aux portes du désert.