Bruxelles : David Leisterh jette l’éponge, pendant que le MR essore la politique régionale
Bouchaib El Bazi
Il aura fallu seize mois de négociations, cinq semaines de réunions stériles, et probablement quelques litres de café amer pour que David Leisterh, formateur libéral du MR, réalise ce que tout Bruxelles savait déjà , on ne gouverne pas une Région avec des ego plus gonflés que le budget qu’on essaye de voter.
Ce mardi soir, le libéral de Boisfort a annoncé qu’il mettait fin à sa mission de formateur et, dans la foulée, à sa carrière politique régionale. Autrement dit, il quitte la scène avant que le rideau ne tombe tout seul.
Un système à bout de souffle (et de soufflettes)
Dans un communiqué aussi sincère que désabusé, Leisterh confesse ce que personne n’ose plus nier ,« notre système politique ne permet plus de répondre à l’urgence bruxelloise ». Une révélation d’une audace rare — après seize mois passés à tenter de faire croire le contraire.
Le libéral admet avoir « tout donné ». Mais à force de donner sans recevoir, même la patience d’un MR finit par fondre plus vite qu’un budget européen sous audit.
Le naufrage du dialogue à six
Souvenons-nous , le 19 septembre, il lançait en grande pompe des négociations à six partis pour un budget 2026 censé sauver Bruxelles du gouffre. Un gouffre budgétaire, certes, mais aussi moral et institutionnel.
Résultat ? Cinq semaines plus tard, aucun accord, une Région toujours sans cap, et un formateur qui quitte la table en laissant la nappe en feu.
Le dernier libéral romantique
Il faut reconnaître à Leisterh une certaine noblesse du désespoir. Dans un paysage politique où la survie prime sur la conviction, il a préféré dire « stop » plutôt que de se transformer en figurant dans la grande tragédie bruxelloise.
Il affirme ne pas vouloir « être complice d’un système qui empêche l’action ». Phrase à graver sur la façade du Parlement régional — juste au-dessus du détecteur d’absentéisme.
Et maintenant ? Georges-Louis et les autres…
Car pendant que les « dégoûtés » quittent la politique régionale, les « dégoûtants », eux, s’y accrochent comme des huîtres à un rocher.
L’allusion, bien sûr, vise Georges-Louis Bouchez, toujours là, imperturbable, perché sur son trône libéral, tweetant plus vite que son ombre et distribuant des leçons de gouvernance à une capitale qui n’en a plus.
On pourrait presque saluer le courage de David Leisterh. Dans une Région où la paralysie est devenue doctrine, il a choisi le mouvement , celui de la sortie.
Épilogue : Bruxelles, capitale des occasions manquées
Le départ de Leisterh n’est pas qu’une démission. C’est un symptôme. Celui d’une classe politique bruxelloise qui s’enlise dans la géométrie absurde des coalitions impossibles, où la peur de déplaire l’emporte sur la nécessité d’agir.
Pendant ce temps, la Région continue de se noyer dans ses dettes, ses sigles et ses bons sentiments.
Et dans ce théâtre de l’absurde, le MR perd un acteur lucide, mais garde son metteur en scène narcissique. À Bruxelles, la politique n’est plus un art de gouverner — c’est une comédie de répétition.