Bruxelles-Capitale : David Leisterh jette l’éponge — enfin, ce qu’il en restait
Bouchaib El Bazi
La Région bruxelloise est sauvée , il n’y a plus de formateur. C’est un peu comme si, dans un avion en perdition, le pilote décidait de sauter en parachute pour ne pas être tenu responsable du crash. Après plus de 500 jours de turbulence politique, David Leisterh a choisi la sortie de secours.
David Leisterh a parlé. Trois secondes pour s’accuser, le reste pour accuser les autres. On appelle ça la proportion bruxelloise , un soupçon d’autocritique dans un bain de reproches.
Dans sa vidéo d’adieu, il désigne « la gauche » (comprendre : le PS, éternel méchant du conte libéral) comme principale responsable de la paralysie régionale. Il oublie juste un détail , pour qu’un mariage échoue, il faut être deux.
Mais à Bruxelles, on ne divorce même plus. On s’ignore poliment autour d’une table de négociation, chacun gardant son couteau sous la serviette.
Un formateur sans formation
Il faut bien l’admettre , la démission du jeune président du MR était moins une surprise qu’un soulagement. Dans les couloirs du Parlement régional, on doutait déjà de sa « carrure », de son expérience, et parfois même de sa motivation. On l’avait nommé formateur, sans trop savoir de quoi — ou de qui.
Pendant des semaines, il a tenté de recoller les morceaux d’une majorité introuvable, coincée entre un PS arc-bouté sur la dépense publique et un MR obsédé par la baisse d’impôts, en pleine banqueroute budgétaire. Une mission impossible, confiée à un homme qui découvrait que gouverner Bruxelles, c’est comme assembler un meuble Ikea sans notice, sans vis et sans lumière.
Bouchez, l’ombre et la lumière
Derrière le rideau, on retrouve bien sûr Georges-Louis Bouchez. L’incontournable, l’indispensable, l’indéboulonnable président du MR. Jusqu’ici belle-mère vigilante des négociations, il a fini par devenir le véritable formateur — ou le fossoyeur — du projet régional.
Car Bouchez n’a pas de stratégie , il a une conviction, la sienne. Et à défaut de majorité, il aura au moins réussi une chose rare en Belgique , unir tout le monde contre lui.
À croire que le chaos n’était pas un accident, mais un plan de communication.
Une Région à la dérive
Pendant ce temps, Bruxelles continue de naviguer sans capitaine, sans boussole et sans budget. La dette enfle, les dépenses explosent, et les électeurs contemplent le naufrage comme on regarde un feu d’artifice raté , un grand boum au début, puis beaucoup de fumée.
Les libéraux rêvent de baisses d’impôts, les socialistes défendent leurs bastions, et les Engagés… se désengagent. Christophe De Beukelaer est parti avant Leisterh, preuve que la relève a plus le réflexe de fuite que de combat.
Leisterh, dernier acte
En quittant la scène, David Leisterh ne ferme pas seulement la porte des négociations , il éteint la lumière en sortant.
Son départ, c’est un peu la morale de cette tragicomédie politique , quand plus personne ne sait quoi faire, on trouve toujours un volontaire pour tout arrêter.
On dira que c’est courageux. D’autres y verront une élégante manière d’éviter de couler avec le navire.
Dans les deux cas, Bruxelles n’a plus de formateur.
Mais elle n’a pas non plus de capitaine. Juste un équipage qui rame — dans toutes les directions à la fois.