Les associations de mosquées en Europe : les caisses de dons qui ne se vident jamais !
Bouchaib El Bazi
Malgré les millions versés chaque année pour soutenir le champ religieux des Marocains d’Europe, et les beaux discours du ministère des Habous et des Affaires islamiques sur “l’accompagnement spirituel et identitaire” de la diaspora, les associations de mosquées du Vieux Continent semblent avoir inventé un nouveau modèle économique : la piété rentable.
Avant même que l’imam ne prononce le premier “Allahu Akbar”, le fidèle est déjà accueilli par la boîte à dons, trônant fièrement à l’entrée. On la retrouve dans les prières quotidiennes, les fêtes religieuses, les marchés communautaires, et même dans les parkings des mosquées. Leur devise implicite ? “Dieu aime le donateur… surtout s’il donne souvent.”
Pourtant, selon le ministre des Habous, 105 millions de dirhams ont été alloués en 2025 à 18 associations en Europe et au Canada, en plus de l’envoi de 372 encadrants religieux dans neuf pays et de la distribution de 345 000 exemplaires du Saint Coran. Sans oublier la création du Conseil scientifique des Marocains d’Europe, censé encadrer le champ religieux et protéger l’identité spirituelle marocaine.
Mais malgré ces efforts officiels, le refrain reste le même : “Le loyer est cher, le chauffage coûte une fortune, la moquette doit être changée…” Et pendant que les fidèles vident leurs poches, certains présidents d’associations remplissent discrètement les leurs. Ils achètent des appartements, conduisent des voitures haut de gamme — le tout sans crédit, bien sûr, parce que le ribâ (l’usure) est haram… mais les bénéfices de la zakat semblent, eux, parfaitement licites.
Cerise sur le gâteau : certaines mosquées imposent désormais un “abonnement annuel” d’environ 180 euros par fidèle, pour avoir le droit de prier en paix. D’autres ont trouvé mieux , la vente de certificats “halal” pour tout produit imaginable, du poulet aux bonbons, ou encore les cours de Coran à 500 euros par enfant, un business spirituel à la limite du sacré et du lucratif.
Et quand on leur demande d’où vient toute cette aisance matérielle, la réponse fuse, pieuse et assurée : “Nous faisons partie des ‘travailleurs de la zakat’ – comme le dit le verset – ‘et pour ceux qui œuvrent à sa gestion’.” Autrement dit : “Nous ne volons pas, nous nous rémunérons légalement.”
Pendant ce temps, le ministère prépare un programme religieux multilingue destiné aux Marocains du monde, censé renforcer le lien spirituel et promouvoir la modération. Un beau projet, certes. Mais sur le terrain, la foi se mesure souvent au tintement des pièces dans les caisses de dons.
Car entre le discours officiel et la réalité des mosquées d’Europe, s’étend un gouffre profond où se perdent transparence, crédibilité et confiance. La religion y devient parfois un prétexte, la piété un capital, et la générosité des fidèles une rente à vie.
Finalement, comme le dirait un proverbe marocain revisité :
“Celui qui ne se rassasie pas de pain, se rassasiera d’associations.”