Schaerbeek : quand les fous du volant se prennent pour des héros d’action – au détriment des policiers
Rime Mdaghri
Une voiture fonce délibérément sur des agents en plein contrôle rue de Brabant. Les policiers échappent de peu au drame.
Schaerbeek, Samedi mation. Dans la très animée rue de Brabant, un simple contrôle routier aurait pu se transformer en scène digne d’un film hollywoodien — sauf qu’ici, les cascadeurs n’étaient pas prévus au casting. Alors que les policiers procédaient à la vérification d’un véhicule, un autre conducteur a décidé, sans doute pris d’une inspiration brutale, de foncer tout droit sur les agents.

Miraculeusement, ces derniers ont eu le réflexe — ou la chance — de sauter sur le côté, évitant d’être projetés sur l’asphalte. Leur voiture de service, en revanche, n’a pas bénéficié du même réflexe , elle a été violemment percutée, pliée comme une canette.
Une “tentative de meurtre” selon la police
La zone de police Bruxelles-Nord ne cache pas son indignation. Dans un communiqué au ton grave, elle parle de « tentative de meurtre » contre plusieurs de ses agents. Une qualification lourde, mais à la hauteur d’un geste aussi absurde qu’irresponsable.
« La violence contre les policiers est inacceptable. La sécurité de nos agents est essentielle et cruciale », a déclaré Olivier Slosse, chef de corps, visiblement lassé de devoir répéter ce qui devrait relever du bon sens.
Les agents impliqués seront en incapacité de travail pendant au moins quatre jours — le temps, peut-être, de remettre leurs nerfs en ordre et leurs os à leur place. Quant à leur véhicule, il n’aura pas cette chance , l’impact a été si violent que la carrosserie témoigne désormais de la brutalité du choc comme un trophée malheureux.
Le conducteur, interpellé mais encore indéchiffrable
Le conducteur a été immédiatement arrêté. Une enquête a été ouverte sous la direction du parquet de Bruxelles. Le mobile reste, pour l’heure, aussi mystérieux que les motivations d’un automobiliste qui prend la loi (et les agents) pour des obstacles à abattre.
Désespoir personnel ? Provocation gratuite ? Test de courage mal placé ? L’enquête devra trancher.
Mais au-delà du fait divers, cette scène résume à elle seule une tendance inquiétante , celle d’une violence routière qui s’assume comme un exutoire. Foncer sur la police semble, pour certains esprits déconnectés, le summum de la rébellion moderne.
Quand l’uniforme devient une cible
Derrière la carapace institutionnelle, c’est surtout la lassitude qui se lit sur les visages des agents. Entre insultes quotidiennes, jets de projectiles lors des interventions et maintenant voitures-béliers, la fonction policière ressemble de plus en plus à une vocation sacrificielle.
« Nos agents ne faisaient que leur travail », a rappelé la zone Bruxelles-Nord. Une phrase devenue tristement rituelle, chaque fois qu’un policier échappe de peu à un drame.
Schaerbeek, encore une fois, devient le théâtre d’un paradoxe urbain , on y exige plus de sécurité, mais on s’attaque à ceux qui la garantissent.
le courage ordinaire face à la bêtise spectaculaire
Si l’acte du conducteur frise la folie, il illustre surtout le climat d’exaspération qui mine certains quartiers bruxellois, où le respect de l’uniforme s’effrite au rythme des klaxons et des frustrations sociales. La police, elle, continue son travail, parfois au péril de sa vie — et souvent sous les quolibets d’une partie du public qui confond autorité et oppression.
Dans une société qui banalise la violence et glorifie la vitesse, foncer sur des policiers devient, pour certains, une sorte de geste symbolique , une revanche grotesque contre un système qu’ils ne comprennent plus.
Mais qu’on se le dise : la révolte ne passe pas par le pare-chocs.