Opération “Kabylie Express” : quand Chengriha veut transformer un séparatiste en candidat officiel
Par Bouchaib El Bazi
Ah, l’Algérie politique, ce grand théâtre où les intrigues se jouent à huis clos et où les acteurs changent de costume plus souvent que de convictions !
Selon plusieurs sources aussi bien “proches du dossier” que du ridicule, le général Saïd Chengriha, chef d’état-major d’une armée qui ne gagne plus que ses batailles contre la logique, aurait tenté d’entrer en contact avec Ferhat Mehenni, l’opposant kabyle exilé en France, afin de le convaincre de revenir au bercail… non pas pour un café, mais pour se porter candidat à la prochaine présidentielle.
Oui, vous avez bien lu , le pouvoir militaire algérien qui l’a jadis traité de traître voudrait aujourd’hui faire de lui le visage démocratique d’un scrutin déjà ficelé.
Bienvenue dans “La politique à la sauce ANP”, où la réconciliation nationale se cuisine à feu militaire doux.
Du sécessionniste au sauveur national ?
L’opération, que certains à Alger appellent avec un humour noir “Kabylie Express”, aurait pour objectif d’empêcher Ferhat Mehenni de proclamer une indépendance imminente de la région de Kabylie.
Mais au lieu d’un débat national, le régime a préféré un vieux réflexe , le marchandage discret derrière les rideaux feutrés de Paris.
Des émissaires du pouvoir, probablement les mêmes qui confondent le dialogue avec la discipline de caserne, auraient offert à Mehenni un “package présidentiel” complet :
- garanties personnelles (traduction : promesse de ne pas disparaître mystérieusement) ;
- ouverture politique (comprendre : permission d’exister médiatiquement deux semaines avant le scrutin) ;
- et surtout, immunité judiciaire rétroactive, cet élixir miracle de la république des arrangements.
En échange, Mehenni serait invité à jouer le rôle du “candidat alternatif” censé prouver que l’Algérie connaît le pluralisme – au moins sur le papier à en-tête de la présidence.
Quand l’armée joue les DRH de la politique
Une source au sein du renseignement a confié, entre deux soupirs, que le général Chengriha n’a pas contacté directement Mehenni, mais a utilisé “des relais dans la diaspora”.
Traduction : quelques cousins lointains, un consul curieux et peut-être un chauffeur de taxi “patriote”.
“L’idée est simple”, explique-t-on , ramener le chef du MAK dans le jeu politique national, “lui offrir un cadre sécurisé”… autrement dit, une cage dorée, avec surveillance internationale et service de presse inclus.
Mais le pari est risqué.
Car tenter de recycler un leader séparatiste en candidat d’un système militaire, c’est un peu comme vouloir transformer une grenade dégoupillée en décoration de table , c’est audacieux, mais ça finit rarement bien.
Ferhat Méfiant, la Kabylie vigilante
Du côté de Ferhat Mehenni, la réaction est, disons, polie mais méfiante.
Un proche aurait résumé la situation d’une phrase assassine , “Quand c’est l’armée qui t’invite au dialogue, c’est rarement pour discuter de la météo.”
La méfiance est de mise , pourquoi cette soudaine ouverture ? Pourquoi maintenant ?
Et surtout, pourquoi l’offre vient-elle des militaires plutôt que d’une institution civile ?
Ferhat Mehenni, figure historique de la contestation kabyle, a bâti tout son combat sur la décentralisation et la défense des droits régionaux.
Le voir aujourd’hui courtisé par ceux-là mêmes qui ont verrouillé la vie politique pendant des décennies relève du tragicomique géopolitique.
Le piège de la légitimité importée
Les analystes européens, eux, ne s’y trompent pas.
Ils avertissent , si Ferhat accepte, il risque de perdre sa crédibilité et de passer pour un complice d’un règlement militaire “top-down”.
En revanche, s’il refuse, le pouvoir pourra le présenter comme un extrémiste fermé au dialogue, justifiant une répression accrue au nom de “l’unité nationale”.
Bref, le piège est parfait , quoi qu’il fasse, c’est Chengriha qui gagne la partie.
C’est ce qu’on appelle, dans les académies militaires, une victoire stratégique… sur le peuple.
Entre parade électorale et parade militaire
Au fond, cette histoire résume toute la schizophrénie du régime algérien , on veut prouver au monde qu’on dialogue, mais on ne sait que monologuer.
On promet la sécurité à un opposant qu’on a poursuivi pendant vingt ans.
Et on croit qu’un exilé charismatique pourra rendre crédible une élection où les résultats sont écrits avant même la déclaration des candidatures.
À ce rythme, la prochaine étape sera peut-être d’inviter les manifestants du Hirak à défiler… sous les drapeaux de l’armée, pour “montrer l’unité nationale”.
Un système en quête de figurants
La manœuvre en dit long , le régime cherche désespérément une façade politique pour masquer la vacuité institutionnelle.
Après avoir épuisé les technocrates et recyclé les vieillards du FLN, voilà qu’il tente le coup du séparatiste repenti.
En réalité, il ne s’agit pas d’un geste d’ouverture, mais d’un casting désespéré pour une élection dont le seul suspense est de savoir qui acceptera de jouer le rôle de perdant officiel.
la république du camouflage
Si Ferhat Mehenni accepte, il rentrera peut-être au pays… escorté par les caméras, encadré par les généraux, et piégé par ses propres mots.
S’il refuse, il sera accusé de saboter la paix nationale.
Dans les deux cas, le régime gagnera du temps, et la Kabylie, elle, restera dans l’attente d’un dialogue vrai, pas d’une comédie militaire.
Et pendant que Chengriha rêve d’un “retour triomphal” du rebelle, le peuple algérien, lui, continue de regarder ce théâtre de l’absurde en silence, convaincu qu’en Algérie, l’indépendance n’est pas une région… c’est un rêve interdit.