Bruxelles, le 30 mai 2025
Et voilà, mesdames et messieurs, encore une belle histoire belge ! Pas celle avec les frites ou le Manneken-Pis, mais une histoire bien blanche… à 400 kilos près. Au casting , un port, un ex-échevin socialiste, de la cocaïne colombienne et — suspens — un non-lieu. Clap de fin , tout le monde est innocent, sauf la drogue.
C’est donc officiel, Hicham Chakir, ancien conseiller communal PS de Molenbeek-Saint-Jean et douanier de profession (plurivalent, donc), a été blanchi par la chambre du conseil dans l’affaire de cocaïne au port d’Anvers. Blanchi, et pas seulement au sens judiciaire.
Petit rappel pour les distraits , en septembre 2022, Chakir avait été arrêté, accusé d’avoir, en compagnie de quelques amis douaniers et d’un flic au flair un peu trop affûté, aidé à localiser un conteneur contenant — on ne plaisante pas — 400 kilos de cocaïne. Rien que ça. Mais que les amateurs de thé à la menthe se rassurent : ce n’était qu’un malentendu.
Le douanier, le flic et le conteneur perdu
L’enquête, partie sur les chapeaux de roue, ressemblait à un polar Netflix , un agent des chemins de fer aurait sollicité plusieurs douaniers pour retrouver un conteneur confisqué. Là où ça devient piquant, c’est quand on apprend que ce conteneur ne transportait pas des bananes ou des jouets pour Noël, mais… de la poudre de joie. Les enquêteurs flairent l’embrouille, interrogent tout le monde, et boum ! Mandat d’arrêt pour Chakir.
Sauf que deux ans plus tard, après moultes auditions, confrontations, expertises, contre-expertises, pressions et dépressions, la justice a tranché : il n’y avait rien. Nada. Niet. Le conteneur est peut-être plein, mais le dossier, lui, est vide.
“C’est la preuve que la justice fonctionne”… ou qu’elle oublie
Contacté par nos confrère, Me Karim Sedad, avocat du désormais ex-suspect, a salué une décision “juste et courageuse”. Une formule polie pour dire “merci d’avoir perdu deux ans de notre vie pour des soupçons dignes d’un polar mal écrit”.
Quant à Chakir, il se dit soulagé. Il pourrait même retrouver sa place au sein du PS, ce grand parti où l’on sait parfois confondre l’opposition et l’Opération Colombo.
Cocaïne 0 – Molenbeek 1
Il faut dire que cette affaire avait tout pour faire saliver les amateurs de raccourcis faciles : un élu de Molenbeek, la cocaïne, la corruption… Et pourtant, la montagne judiciaire a accouché d’un non-lieu. La poudre s’évapore, les soupçons aussi, et Chakir redevient ce qu’il n’aurait jamais cessé d’être , un citoyen ordinaire, juste un peu trop proche des conteneurs.
Le port d’Anvers, lui, continue de battre des records : plus d’une centaine de tonnes de drogue interceptées chaque année, malgré les efforts surhumains de… qui, au fait ? Pendant que la justice nettoie le casier d’un élu local, les vrais barons de la coke sirotent leur mojito à Dubaï.
Et maintenant ?
La Belgique prouve une fois de plus qu’elle est le pays du surréalisme judiciaire. Une drogue dans un conteneur, des douaniers accusés, un élu soupçonné… et au final, aucun coupable. Peut-être que la cocaïne s’est livrée toute seule. Peut-être qu’elle a eu une crise de conscience.
Chakir, lui, peut ranger sa cravate de tribunal et ressortir celle des réunions communales. Il a été blanchi, et ce sans machine à laver. Mais une question demeure : s’il n’y a jamais eu de complicité, comment la drogue a-t-elle su où aller ?
Ah, la Belgique…